La presse relève avec inquiétude le nombre élevé d’ouragans de cette saison 2017. Une rafale d’ouragans! Année propice, comme je l’écrivais récemment? Je précise: année propice aux ouragans majeurs. Au tour de Maria.
Un climatologue français confirme:
« Ces phénomènes extrêmes ne sont pas en recrudescence. Nous sommes dans une période où deux ouragans très ravageurs, Harvey et Irma, se succèdent en une dizaine de jours. Cela a marqué les esprits, mais il n’est pas rare que deux ouragans se suivent. L’activité va s’intensifier à partir de septembre, nuance Fabrice Chauvin, climatologue au Centre National de Recherches Météorologiques (CNRM).
Irma est le neuvième ouragan à avoir touché l’Atlantique depuis le début de la saison. Ce n’est pas exceptionnel. En moyenne, il y a 8 à 9 ouragans dans l’Atlantique entre juin et début septembre. »
Les superlatifs s’épuisent après les deux ouragans (Harvey et Irma) qui ont monopolisé la presse et l’énergie émotionnelle dans le monde. Je constate que la couverture médiatique autour de Maria est moins importante que celle concernant Harvey et Irma. L’usure d’une répétition tropfréquente?
Quant à la présence simultanée de deux ou trois ouragans dans l’Atlantique, rien de nouveau: ce n’est pas fréquent mais pas si exceptionnel non plus.
Ce site a répertorié les ouragans depuis 2005. On constate que les saisons 2005 et 2007 ont connu au moins deux ouragans de catégorie 5.
Le Dr Adrian Champion, chercheur en systèmes climatiques de l’Université d’Exeter, aurait dû regarder les archives avant de déclarer faussement:
« L’occurrence de deux ouragans de catégorie 5 dans la même saison n’est jamais survenue depuis que l’on tient des statistiques. »
Évidemment quand de petites îles sont touchées par d’énormes phénomènes météo, on est impressionnés (ici, un retour sur 50 ans d’ouragans aux Antilles). Mais ce n’est pas nouveau. En 1960 par exemple, l’ouragan Donna frappait Saint-Martin et Saint-Barthélémy:
« Le 5 septembre 1960, l’ouragan Donna, de classe 5 dans l’échelle de Saffir-Simpson, fait des dégâts considérables sur les deux îles. Il s’est formé le 29 août 1960 près des îles du Cap-Vert avant de traverser l’Atlantique et de finir par atteindre la côte est des États-Unis, puis celle du Canada, 4 septembre. »
D’autre part, et jusqu’à Matthiew en 2016, il n’y a pas eu d’ouragan de catégorie 5 depuis Dean et Félix en 2007, qui ont ravagé entre autres les petites Antilles. Dix ans sans ouragan majeur, et pas de commentaires étonnés. Cela manquait de drame?
Les deux premières images (cliquer pour agrandir), extraites de l’excellent site earth.nullschool, montrent la force des vents selon l’altitude. L’image 1 représente les vents au niveau du sol; l’image 2 montre que la force des vents est plus grande en altitude, ici à 1’500 mètres, ce qui doit nous faire relativiser les pointes de vitesse des rafales d’altitude.
On peut tenter de relever des petits records sans réelle signification, comme le lieu de formation d’Irma, un peu plus à l’est que d’habitude semble-t-il. On peut relever que telle petite portion de l’Atlantique n’a pas été touchée depuis des décennies. Mais cela ne justifie pas les superlatifs lus et entendus cette année.
La presse de ce matin annonce que Maria est passé en catégorie 5, mais à 11 heures (pour nous) le National Hurricane Center ne mentionnait que la catégorie 4 (image 3). N’empêche: l’île de la Dominique est KO et la Guadeloupe, particulièrement la région de Basse-Terre, va connaître une journée de terreur.
Bang bang!
Courte vidéo qui compare les tailles et vents des ouragans majeurs depuis 50 ans:
Cette image trace 100 ans d'ouragans de toutes catégories dans l'Atlantique nord (carte accessible ici, avec possibilité de parcourir les années):
Celle-ci, réalisée par la Noaa, en trace davantage car elle mentionne également les tempêtes tropicales:
Commentaires
Petit complément: carte des vents et ouragans (en direct!) avec possibilté de zoom in et out en utilisant la molette de la souris:
https://earth.nullschool.net/
Superbe cette carte Arthur, j'ai bien noté l'url !
C'est vrai que le zoom sur les Antilles fait déjà froid dans le dos et puis celui, plus au nord sur la côte Est des USA devient vraiment ahurissant.
Ceci dit complétement indépendamment des propos du Dr A Champion évidemment
Merci pour le lien Arthur. Je devais le mettre dans le billet et cela a sauté.
Le visuel de ce site est très parlant, je m'y réfère depuis plusieurs années. La manière d'illustrer le vent est claire et d'ailleurs est progressivement reprise sur des sites météo.
Deux petits bémols: d'une part je ne sais dire si, en zoom maximum, la taille figurée de l'ouragan correspond à la réalité du terrain; d'autre part les vitesses du vent sont plus faibles que celles annoncées dans la presse par les services météos (on obtient la vitesse en cliquant sur un endroit).
Ce site offre différentes analyses en temps réel (sauf erreur il est rafraîchi toutes les 3 heures). En cliquant sur "earth" un menu apparaît. Pour le vent il est mesurable à différentes altitudes (les hPa, dont les conversions se trouvent sur le net. Par exemple 850 hPa correspond à 1'500 m, 500 hPa à 5'500 m, 250 à 10'000 m soit la limite troposphère-stratosphère, 70 à 18'000 m, 10 à 38'000m.
On voit les différences de vitesse du vent. Par exemple à 250 hPa on voit bien les jet stream.
On peut aussi voir les températures de l'air, de l'eau, les courants, certaines pollutions.
@aoki: je suis très heureux que cette carte vous plaise. C'est très impressionnant de voir tout cela quasiment en direct! Et de plus c'est digne d'une oeuvre d'art.
@hommelibre: De rien. Tout le plaisir est pour moi. D'ailleurs, après coup je me suis rendu compte que vous aviez inclus des "screen shots" tirés ce cette carte. Merci pour tous les renseignements complémentaires que je n'avais pas postés. Tout comme vous je ne sais pas à quel point on peut faire confiance au zoom et à la vitesse indiquée. Je vois un 3ème petit bémol (pour rire): le Rhône n'est pas indiqué sur la carte, ce qui est quand même très surprenenant.