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Nation (2) et économie

Si la nation est à mes yeux une forme positive de l’organisation des territoires et populations du monde, elle a aussi des inconvénients potentiels. J’en aborde ici trois, sur les questions d’économie, de défense et de Justice. Je les aborde dans des grandes lignes de fond.

 

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Les nations ne sont pas égales entre elles. La localisation géographique correspond à un sol et à un climat plus ou moins favorable aux activités agricoles et économiques. Les ressources du sous-sol varient et certains territoires en acquièrent richesse et puissance.

Aujourd’hui les terres rares sont indispensables pour les voitures électriques, les ordinateurs, etc. Seuls quelques pays en disposent et peuvent ainsi peser sur l’économie mondiale. Les pays qui n’en disposent pas doivent en acheter. Nous sommes dépendants les uns des autres, et certains plus que d’autres. Même pour une grande nation capable de subvenir à ses besoins, l’autarcie serait à terme un appauvrissement.

Une nation ne peut donc se fermer entièrement au monde. Elle a besoin des autres, pour acheter ou pour vendre. Le commerce est une activité vitale. Il faut échanger: s’approvisionner en ce qui nous manque, vendre ce que nous produisons. L’intérêt égoïste (le bon égoïsme) de chaque nation est de collaborer avec les autres.

D’autre part les grandes nations dominent le marché, et peuvent imposer leurs règles et leurs systèmes technologiques. La construction de l’Europe politique répond en partie au désir d’être grand pour être fort économiquement. 

Cela suppose de créer des entreprises de taille à tenir tête à la concurrence mondiale. La grande réussite d’Airbus (image Wiki) laisse à penser que cette stratégie est bonne. Mais c’est un contre-exemple car Airbus s’est développée dans une Europe encore morcelée, sans l’UE.

L’UE n’a pas été nécessaire pour la réussite de l’avionneur.

 

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La création d’un grand ensemble économique est une chose plutôt bonne pour la prospérité de tous, je veux bien le penser. Mais comment préserver les souverainetés nationales dans ce cadre, soit la possibilité de décider de ce qui nous concerne? 

Plus: l’union politique est-elle indispensable à la prospérité, mis à part la stabilité précieuse qu’elle assure? Je constate par exemple que les États fédérés des USA ont une large autonomie dans de nombreux domaines: avortement, cannabis, etc. Alors qu’en Union Européenne si un État émarge tant soit peu à l’idéologie de Bruxelles il devient un mouton noir et encourt des sanctions (Pologne, Hongrie).

En passant du Marché commun à l’Union Européenne, un pouvoir central supranational contraignant s’est formé au détriment des vieilles cultures européennes. À mon avis ce n’est pas une manière respectueuse de fédérer des entités nationales aux langues, coutumes, lois si différentes entre elles.

Je pense qu’il faut à la fois préserver les souverainetés et cultures, et assurer la non-agression des nations entre elles au profit des échanges commerciaux. Le degré de l’alliance entre États pour assurer cela n’implique pas forcément la création d’une entité supranationale.

 

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Ne peut-on obtenir le résultat escompté: éloigner le spectre récurrent de la guerre en Europe et développer les économies, sans absorber une partie de la souveraineté des pays membres? Je trouve plutôt bien que Bruxelles ait imposé les mêmes prises électriques partout. Mais imposer des quotas d’immigrés à des pays qui n’en veulent pas est abusif.

Les traités de libre échange, en Amérique du Nord par exemple, n’imposent pas d’assimilation politique entre les États partenaires. L’Europe fait autrement et donne un pouvoir central à Bruxelles. Probablement pour arriver un jour à une véritable union politique fondée sur la dissolution des nations membres.

Je crois qu’elle fait erreur. En voulant casser le moule autoritaire, très présent sur notre continent depuis des siècles, le pouvoir d’en haut – l’autorité de l’UE – ne fait que le continuer sous une autre forme.

Ce qui fait fonctionner l’Union Européenne c’est l’argent, les subventions, les promesses de développement, la facilitation de l’accès au marché (pas de droits de douane). 

Il n’y a pas de désir enthousiaste dans les populations pour faire de notre continent une grande famille fraternelle. D’ailleurs je déplore en politique la propension de plus en plus envahissante à faire de la morale. Nous ne sommes pas des enfants.

 

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Mais l’économie n’a pas forcément besoin d’être l’objet de l’enthousiasme populaire. L’abolition des frontières économiques et des droits de douanes est une facilitation positive des échanges intra-européens. Cependant ce qui ne rentre plus dans les caisses de l’État sous forme de taxes devra être remplacé pour maintenir toutes ses fonctions et prestations. Qui paiera?

L’Europe économique s’est faite avant l’UE. Cela marchait et ne mettait pas en danger les cultures spécifiques. 

C’est bien plus la libre circulation qui pose problème, car elle peut modifier la culture, l’identité et le sentiment d’être souverain, par des apports nouveaux en nombre important. 

Mais sans libre circulation l’UE n’a plus de raison d’être, puisque l’objectif est d’abolir les obstacles à la mobilité intra-européenne. À moins qu’elle n’accepte des quotas pour chaque pays en facilitant les démarches administratives, ce qui pourrait être un compromis. L’idée d’une « fédération de nations souveraines » fait son chemin.

On devrait faire une étude sur le nombre maximal de nouveaux venus pouvant être intégrés en fonction des conditions de vie et du sentiment national des habitants, ensuite on pourrait poser des quotas par origine.

Je comprends sans y adhérer le fait que l’on ait voulu « casser » l’Europe d’avant, avec ses guerres interminables et de plus en plus terrifiantes, et que face à l’ex-URSS on ait tenter de constituer un bloc uni. 

Mais casser l’Europe au profit de populations immigrantes de cultures très différentes des nôtres est autre chose. C’est alors notre propre différence d’européens qui n’est pas respectée, notre identité qui est menacée.

 

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L’économie est liée à la démographie, tant pour trouver des travailleurs et faire tourner les entreprises que pour stimuler la consommation intérieure. Si la baisse de la natalité sur notre continent pose problème, par exemple pour le paiement des retraites par manque de population active jeune payant des cotisations sociales, il faut chercher d’autres solutions que l’immigration de masse.

Les souverainetés croisées n’empêchent pas les échanges commerciaux, culturels et de population. Cela se fait de manière plus encadrée qu’en l’absence de frontières. L’instauration de taxes à l’importation peut enrichir la collectivité et renforcer la production nationale. Mais l’effet est limité. Ces taxes peuvent être contrebalancées par les taxes décrétées en miroir par les partenaires.

Ce n’est pourtant pas un match nul car ces taxes génèrent des ressources que l’État peut redistribuer dans des secteurs où il y en a le plus besoin. C’est une sorte de dumping, évidemment, et ce n’est pas une politique libérale (que j’approuve sur certains points) mais conservatrice et préservatrice (que j’approuve sur d’autres points). Et pourquoi pas? 

Il participe de ce qu’une grande partie de la classe politique française, appuyée par de nombreuses publicités pour le made in France mis à toutes les sauces, nomme la souveraineté économique et l’appellent de ses vœux.

Souveraine, une nation peut conclure des alliances de nature différente selon chaque pays. Elle évolue donc dans un cadre moins rigide que dans le cadre d’un ensemble supranational.

La nation protège et fait égaux ses ressortissants. Car s’il y a des différence économiques entre eux ils sont tous égaux devant la loi.

 

 

À suivre 3, Défense.

 

PS: une définition de la nation:

Mais que veut dire la « nation », qui selon les termes de Benedict Anderson, serait la valeur la « plus universellement légitime » mais à la fois difficilement définissable. Mauss essaie de la dégager à partir des notions avoisinantes ; selon lui, elle consiste dans les citoyens dotés de droits, dont ils jouissent en échange de devoirs envers la cité ; le tout se traduit en patrie ; la totalité des citoyens participant aux choses publiques (lois, religion, sciences, art, etc.) devient le corps politique souverain d’État ; en un mot, la nation constitue « les citoyens animés d’un consensus. » Ernest Renan dirait qu’un tel consensus est l’âme (« Une nation est une âme ») et Oswald Spengler la culture.

 

Catégories : Philosophie, Politique 2 commentaires

Commentaires

  • Merci de partager votre très intéressante réflexion avec nous.

  • Tout cela est vrai. De mon point de vue, une nation, c'est une direction politique élue par les citoyens, une législation commune, une monnaie qui repose sur une richesse partagée et une répartition solidaire de ces richesses. On en est loin avec l'Europe : les règles sont mises en application par des gens ou des juges nommés par les États ; Les lois dépendent de chaque pays membre ; la monnaie profite à ceux qui produisent et nuit à ceux qui galèrent ; le niveau de vie, différent selon les pays, n'est pas compensé par la solidarité (exemple : la Grèce pénalisée).
    L'Europe actuelle est un entre-deux, entre le fédéralisme et la coopération entre les États. Cette dernière formule suppose des échanges économiques équilibrés et accords bilatéraux équitables. Cela me paraît suffisant. L'essentiel n'est pas de peser au niveau international mais de défendre, en priorité, les intérêts de la nation.

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