Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Grèce, Canada : les chiffres forêts brûlées / forêts totales

Grèce, Canada : les chiffres forêts brûlées / forêts totales.

La planète brûle-t-elle? Sans contester l’ampleur des sinistres de cette année, voici quelques chiffres qui relativisent certaines annonces. Mais avant les chiffres, quelques considérations globales.

 

feux,forets,canada,grece,incendies,climat,sécheresse,résilienceCauses

Rappelons-nous que les feux de forêts ne s’allument pas si ladite forêt est arrosée par des pluies régulières. Et même en cas de sécheresse il faut un déclencheur extérieur.

En vrac ces déclencheurs sont principalement: la foudre, les actes criminels de pyromanes, les activités humaines, les mégots de cigarettes jetés par la fenêtre en roulant. De plus des conditions favorables: sécheresse, chaleur, masse inflammable non nettoyée dans les forêts, préparent le terrain.

Mais faut-il vraiment éteindre les feux? En fait le feu purge les forêts. Au Canada, où l’on dénombre en moyenne 8 000 incendies de forêts par année, on sait que le feu est nécessaire. Selon le biologiste Jacques Tardiff:

« Le feu fait partie du cycle naturel des forêts boréales canadiennes. Pourtant, il est encore bien souvent considéré comme un élément destructeur, dont on limite activement la propagation. »

 

feux,forets,canada,grece,incendies,climat,sécheresse,résilienceVive le feu

Et surprise:

« Contrairement à ce que l’on pourrait penser, certaines parties des forêts boréales canadiennes semblent brûler bien moins fréquemment aujourd’hui qu'avant le 20e siècle, indique Jacques Tardif. »

D’ailleurs, à part certaines années, la tendance depuis 40 ans au Canada est à une diminution des grands feux et à une réduction du nombre de feux (image 1, clic pour agrandir, source).

Puis il parle d’arbres anciens portant des cicatrices de feu:

« Sur un échantillon de pin gris datant d’environ 1710, Jacques Tardif montre des cicatrices laissées par les flammes en 1763, en 1776, en 1797 et en 1805. Ça nous donne une idée de l’intervalle de feu : tous les 30 ans environ. Cet arbre était là, le feu est passé, et l’arbre a survécu, explique-t-il. »

Et le biologiste de conclure:

« Certaines espèces d’arbres ont besoin des feux destructeurs pour se reproduire. »

 

feux,forets,canada,grece,incendies,climat,sécheresse,résilienceChiffres: Grèce

Mais quelle superficie a brûlé? La presse n’a pas fait pas dans le détail:

« L’Attique en cendres », par exemple.

En réalité, sur les 40 800 km2 de forêt grecque, 530 km2 ont brûlé à ce jour dans l’ensemble du pays.

530 km2.

Soit 1,33 % de l’ensemble des forêts de Grèce.

C’est une année exceptionnelle. Les surfaces brûlées sont habituellement moindres.

C’est évidement un choc environnemental régional, et un choc psychologique. Mais ce n’est pas si énorme et n’empêche pas une reprise ultérieure de l’arborisation. L’île de Rhodes (image 2, et 5) photographiée par satellite dans l’infrarouge et en non-infrarouge, montre en noir la zone brûlée, environ 10 % du total. Là aussi la végétation reprendra.

D’ailleurs en France dans le massif des Maures dévasté par un grand feu en 2021, la végétation revenait déjà en 2022, un an plus tard seulement:

« La faune est revenue à peu près normalement, notamment les tortues d’Hermann, grande victime de l’incendie de l’été dernier. Des filaires à feuilles étroites, des arbousiers, des bruyères repoussent. Le maquis se propage de nouveau sur les terres très sèches de la Plaine des Maures. Les chênes-lièges sont repartis, ils rebourgeonnent à partir des branches. Si juste après l’incendie, ils ont eu l’air totalement calcinés, ce n’est qu’en surface, car à l’intérieur, l’arbre est protégé. »

 

feux,forets,canada,grece,incendies,climat,sécheresse,résilienceChiffres: Canada

Je signale au passage que les chênes-liège sont outillés pour résister au feu. Pendant des siècles de présence dans le sud de l’Europe, ils se sont adaptés aux incendies fréquents de ses régions.

Les feux qui consument la forêt canadienne sont eux aussi presque habituels. Comme dit plus haut, dans ce pays on dénombre environ 8 000 incendies par année, qui dévorent 2,1 millions d’hectares en moyenne. Mais cette année est exceptionnelle. Cela arrive. Celle-ci peut battre des records, la sécheresse aidant. Cela arrive aussi. Je ne dis pas que c’est bien ou mal, mais que le cycle de la nature est en oeuvre.

Une étude officielle canadienne détaille les incendies depuis 1959. La surface totale brûlée est moindre depuis les années 2000 que dans les deux décennies précédentes. C’est aussi l’avis de Jacques Tardiff, dans le très intéressant article déjà mentionné: « Contrairement à ce que l’on pourrait penser, certaines parties des forêts boréales canadiennes semblent brûler bien moins fréquemment aujourd’hui qu’avant le 20e siècle. »

Selon lui, les forêts qui ne brûlent pas assez souvent sont susceptibles de déclencher des feux plus intenses quand ils surviennent.

La surface totale de forêt au Canada est 3 620 000 km2. À ce jour environ 100 000 km2 ont brûlé, soit environ 2,8 % de la surface totale. C’est beaucoup. Est-ce insupportable pour l’environnement? Je pense que non. Je ne suis pas devin mais partout après de grands incendies les forêts sont revenues. La seule raison pour laquelle, à mon avis, cela ne se reproduirait pas, serait une sécheresse totale pendant au moins 10 ans.

Ce qui conduirait à une désertification, comme au Sahara il y a 5 000 ans environ. Rien n’est impossible, mais pas de précipitation ni de panique: on ne peut juger sur quelques années.

 

 

feux,forets,canada,grece,incendies,climat,sécheresse,résilience

 

 

Image 4, source: L’Arche Canada, site dédié au Canada.

Article passionnant de Jacques Tardiff sur les feux: Les ressources de la Forêt.

Récemment publiée mais non parue sur le portail, ma précédente note: Réchauffement : l’échauffement des esprits

 

 

feux,forets,canada,grece,incendies,climat,sécheresse,résilience

 

 

Catégories : Environnement-Climat 1 commentaire

Commentaires

  • Merci, Hommelibre, pour ces passionnants billets climatiques! Il est intéressant par exemple d'apprendre que les feux de forêts sont en fait bénéfiques pour celles-ci, et font partie de leur "cycle de vie", si je comprends bien! Tout le contraire de ce que nous disent les médias! Bien à vous!

Les commentaires sont fermés.