Hôpital de Gaza : le New York Times reconnaît sa faute.
Tous ont plongé, dont cette institution qu’est le NYT. Tous ont relayé immédiatement, sans recul, la fausse information du bombardement par Israël de l’hôpital Al-Ahli.
Tous ont relayé sans aucune vérification le chiffre de 500 morts. Sans se poser la moindre question.
La Tribune de Genève par exemple, sous la plume de Virginie Lenk, titrait le lendemain: « Le carnage d’Al-Ahli, la bavure de trop? » Sur l’image 2 (copie d’écran TdG, clic pour agrandir), une femme lève les yeux au ciel sur le parking de l’hôpital.
Le parking est jonché de débris. Première observation: on ne constate pas de dégâts majeurs au bâtiment (pourtant supposé détruit par un missile), ni carnage. Seul un petit cratère indique l’impact (image 3), entouré de quelques voitures calcinées. Le titre fait très fort: alors que l’on n’a aucune vérification, il est déjà question d’une bavure israélienne.
TF1 relayait une fourchette de 200 à 900 morts. Mais le 19 octobre cette information était complétée par les premiers craquements dans la version du Hamas.
« Plusieurs jours après ce drame, un responsable d’un service de renseignement européen a toutefois partagé une série d’observations à l’AFP. Sous couvert d’anonymat, il a ainsi laissé entendre que le décompte des victimes réalisé par les Palestiniens était nettement surévalué. "Il n’y a pas 200, voire 500 morts, mais plutôt quelques dizaines, probablement entre 10 et 50", a-t-il glissé dans un article publié le 19 octobre. "Le bâtiment n’a pas été détruit", a-t-il avancé. »
Tous les médias ou presque ont donc plongé dans le mensonge, eyes wide shut (les yeux grands fermés). En France Le Point a été un des premiers à contester la version du Hamas. Mais le vénérable quotidien Le Monde, qui fait autorité en matière de journalisme, a plongé. Et bien sûr aux États-Unis, le très respecté New York Times.
Hier 24 octobre il faisait marche arrière dans un édito et reconnaissait sa faute. La BBC avait aussi fait de même peu avant.
« … les premières versions de la couverture — et l’importance qu’elle a reçue dans un titre, une alerte de nouvelles et les canaux de médias sociaux — comptaient trop sur les revendications du Hamas, et n’a pas précisé que ces allégations ne pouvaient pas être immédiatement vérifiées. Le rapport a laissé aux lecteurs une impression incorrecte de ce qui était connu et de la crédibilité du récit. »
L’édito du NYT ajoute:
« Compte tenu de la nature sensible des nouvelles pendant un conflit grandissant et de la promotion importante qu’elles ont reçue, les rédacteurs du Times auraient dû faire plus attention à la présentation initiale. »
Le mal était fait. Les rézos reprenaient et amplifiaient la nouvelle et la rue arabe s’enflammait. Une vague de soutien à Gaza (et au Hamas) déferlait sur une partie du monde.
La presse est en concurrence avec les rézos. Elle doit aller vite et faire du buzz au détriment parfois de l’information. C’est la dictature de l’émotion et la course à l’audience. Alors elle bâcle.
Ces médias n’ont pas de journaliste à Gaza. Ils ne peuvent aller vérifier. Il aurait fallu, pourtant. Même sans être sur place de nombreux signes devaient faire douter. Il suffisait d’attendre quelques heures.
Quand on a vu le bâtiment de l’hôpital encore debout, sans gros dégât apparent, alors qu’il était déclaré détruit, le doute est apparu. Les images satellites puis au sol montrent quelques voitures calcinées et un petit cratère dans le bitume. Où est l’ampleur du drame annoncé? Disparue.
Les morts sont donc probablement décédés sur le parking. Pourtant sur une courte vidéo un homme véhément montre une ligne de cinq ou six cadavres posés côte à côte. Il s’agirait d’enfants, mais j’en doute. À voir ici.
On n’a d’ailleurs pas de reportage sur l’intérieur de l’hôpital détruit et rempli de corps enchevêtrés. S’ils existaient on nous les aurait montrés. Le Hamas a par ailleurs refusé de fournir des preuves matérielles sur le missile malgré la demande du NYT. Raison invoquée:
« Le missile s’est dissous comme le sel dans l’eau », a commenté auprès du journal Ghazi Hamad, responsable au sein du Hamas. « Il s’est vaporisé. Il ne reste rien. »
Ce que j’ai lu sur les missiles ne va pas dans ce sens. Même après une explosion il reste des fragments éparpillés sur le lieu de l’impact. En comparaison une vidéo de l’AFP constate les effet de l’explosion d’une roquette du Hamas tombée à Ashod. L’état des véhicules, mais aussi la taille de la zone et l’absence de dégâts aux bâtiments alentour, ressemble fort à ce que l’on voit sur le parking de l’hôpital à Gaza. On peut même observer des impacts sur les tôles.
Vaporisé? Est-ce possible? Si c’est vrai (bien que très difficile à croire) il doit rester des particules dans la terre. Des enquêteurs indépendants auraient dû se rendre sur place. J’imagine qu’en cas de vrai bombardement, les semeurs de terreur auraient fait venir les plus grands spécialistes.
Depuis deux jours les médias changent de version. Selon France info:
« Sur les images, on ne distingue aucun cratère tel celui qu’aurait pu produire une bombe aérienne comme celles que larguent les avions israéliens depuis une semaine sur Gaza. Ces bombes de plusieurs centaines de kilos, voire jusqu’à une tonne d’explosifs, produisent normalement d’énormes dégâts sur les bâtiments. »
Et de terminer ainsi:
« Conclusion minimale : l’explosion et l’incendie qui ont détruit les voitures ne sont pas dûs à une bombe. En fait, le seul impact au sol clairement visible sur les images, c’est un trou d’une quarantaine de centimètres avec, autour, des traces d’impacts d’éclats. Cela fait plutôt penser à ce que produit une munition de calibre restreint, comme un obus de mortier ou une roquette. »
Même l’émission Quotidien, très gauche branchouillée, narcissique (pléonasme?) et conformiste, a dû rétablir la vérité.
Enfin, pour rappel, la chaîne Al-Jazeera a filmé le moment de l’explosion. On y voit des traces des roquettes, bien visibles dans la nuit, et l’une d’elles qui décroche et s’écrase. Pas de trace de missile israélien.
Bon, je l’ai déjà suggéré, je le dis plus clairement cette fois: il n’y a pas eu de carnage, l’hôpital de Gaza n’a pas explosé, et le parking a reçu un explosif qui a les caractéristiques d’une roquette ou d’un mortier. On n’aura jamais de fragments à analyser puisque le Hamas parle d’un engin pulvérisé. Ce qui semble vouloir dire qu’il a tout nettoyé.
La question qui demeure est: pourquoi ces grands médias ont-ils plongé comme des débutants?
Je penche pour trois raisons. La première est que les rédactions ont été sidérées par le scoop. La sidération empêche de réfléchir. Tous nos filtres critiques sont neutralisés. On accepte tout sans vérifier.
La deuxième est la course au buzz. Un journaliste et une rédaction toute entière n’est pas un ramassis d’incompétents. Quelqu’un a bien dû se poser la question: est-ce vérifié? Mais pour ne pas rater le scoop ils ont relâché leur nécessaire vigilance, peut-être avec une vague mauvaise foi quant à la fiabilité des agences de presse palestiniennes.
La troisième est que, inconsciemment ou délibérément, la presse attendait cela pour enfin sortir de l’horreur perpétrée par le Hamas, devenu en un jour le pire exemple d’humanité.
Le prétendu bombardement a servi à se focaliser à nouveau sur Israël, à rejouer le scénario victimaire du gros contre le petit. Le statut de victime changeait de camp. Gaza victime, le Hamas reprenait des couleurs et recevait des soutiens.
Les grandes manipulations d’opinion fonctionnent toujours, mais celle-ci n’a tenu qu’une semaine. Une semaine de trop, quand-même. Pendant que nous les avons crus, que nous nous sommes émus sur leur sort, que nous avons pleuré sur les victimes auto-déclarées, les semeurs de terreur devaient se marrer comme des fous.
On sait rire au Hamas…
Commentaires
Je pense que la troisième explication de ce bobard est la bonne. Même la gauche pro-palestinienne a été sidérée par l'horrible barbarie du Hamas. Alors, il fallait trouver un crime de guerre du côté d'Israël. L'occasion était trop belle.
Je le crains aussi, Henri.