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Pour une Europe à géométrie variable

Pour une Europe à géométrie variable.

L’Union Européenne a mauvaise presse mais de bons côtés, comme celui d’avoir mis fin (jusqu’à présent) aux grandes guerres répétées du passé au moins sur une vaste part de son territoire.

 

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Toutefois son ambition parfois autoritaire (pas toujours à mauvais escient d’ailleurs) révèle un déficit démocratique (toute-puissance de la Commission de Bruxelles, gouvernement non élu au suffrage direct). La ligne politique de ses dirigeants est immigrationniste, les résistances qu’on lui oppose sont sanctionnées.

La crise paysanne actuelle (en France mais pas que) montre comment les décisions et contraintes posées par des responsables hors-sol se heurtent au terrain, à la vie réelle des gens.

Les enracinés sont dénigrés depuis des lustres. La modernité, le progrès, passent par la mobilité sans racines. La déconstruction explicite des nations participe à cette tendance forte.

Il y a des bonnes choses dans l’idée européenne mais cela s’est fait au milieu d’un ensemble de contraintes (libre circulation, multiplicité des langues et sous-cultures, entre autres) dont on ne sort que par d’autres contraintes.

Pour cela il fallait un transfert de souveraineté entre les nations et l’Union. Les différences entres Etats étaient telles que je peux comprendre la tentation autoritaire. La manne économique venant de l’UE a longtemps compensé les inconvénients.

 

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N’étant pas opposé par principe à une forme de collaboration entre Etats européens, bien au contraire, je ne peux rejeter l’entièreté de l’Union. Toutefois je pense que les choses sont allées un peu trop vite et que certains renoncements ne sont pas positifs. La volonté unificatrice a fait venir en nombre les nations, aujourd’hui cette même volonté crée une résistance grandissante.

Le discours officiel est que ces résistances sont le fait de populistes, mot-valise qui fleure le fascisme. Une manière éculée de discréditer et de refuser le débat. C’est navrant. Les populistes sont-ils si dangereux pour la démocratie? Mais non, et ils sont utiles: ils mettent au jour ce que les autres tentent de cacher.

L’UE  a choisi une manière de se construire. Elle passe par la contrainte imposée par une forme d’oligarchie. Ce n’est pas la seule manière possible, et dans le cas de la diversité naturelle et historique de l’Europe, je pense de plus en plus fortement que cette manière n’est pas la meilleure.

L’Unité européenne est un Graal, mais celle de l’Union est un mythe. En effet l’UE a déjà un pied, ou au moins quelques orteils, dans une politique à géométrie variable. Ce qui est honni sur le papier se passe pourtant dans la réalité.

 

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Voici des exemples de cette géométrie variable par laquelle certains Etats s’affranchissent de la contrainte de la Commission. Ils ont rétabli une priorité nationale sous le nom « d’exceptions » dans certains domaines et préservent leur indépendance quant aux décision y relatives.

La plus importante parce que concernant un domaine très sensible est l’exception danoise en matière d’immigration. Le Danemark, qui est tout sauf un Etat fasciste ou raciste, ne suit plus la politique communautaire. Il est devenu un pays très restrictif en matière d’immigration.

Les autres pays scandinaves lui emboîtent le pas. Ils ont déjà organisé des campagnes publicitaires pour décourager les candidats à l’immigration.

La France a aussi un domaine de priorité nationale. C’est l’exception culturelle dont je parlais hier.

L’Espagne et le Portugal ont gardé leur pouvoir de décision en matière d’énergie.

La Hongrie tente aussi de préserver certaines prérogatives mais Orban n’a pas le bon profil. D'autres pays ont construit des barrières à leurs frontières: Espagne (en Afrique du nord), Pologne, Grèce, Bulgarie, entre autres.

Ces exemples montrent une chose: une politique à géométrie variable est possible, et elle ne détruit pas l’Union. Entre l’excès de contraintes et le délitement de l’UE, cette politique pourrait aider à rendre de la souveraineté – ou de l’autonomie – là où elle est demandée.

Quels liens resteront alors entre les Etats membres?

 

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Une simplification douanière dans certains secteurs économiques, la formation d’une armée unique, et diverses collaborations économiques, judiciaires, policières et autres qui seraient facilitées.

Si certaines valeurs comme l’accueil des réfugiés font partie de la culture européenne, les nations doivent accorder une priorité à la défense des populations autochtones et dont la présence procède d’une filiation ou d’une naturalisation. De par sa nature même un Etat a pour obligation irréductible de s’occuper d’abord de ses administrés et citoyens. L’étranger vient après. C’est naturel.

Cette hiérarchie naturelle est, je crois, universelle. Elle fait partie du sens commun et de certains paramètres de justice sociale. Les Etats sont d’abord égoïstes, et heureusement. Même les cultures hospitalières recèlent une bonne dose d’égoïsme nécessaire. Il n’y a pas de blâme à cela.

Une gouvernance à géométrie variable est-elle possible? Il me semble que oui. Il suffit de la penser et de la vouloir. Mettrait-elle en péril l’unité de l’UE? Pas forcément, et ce n’est pas le cas pour les exceptions déjà pratiquées.

 

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Préserver une souplesse, une marge de liberté pour les Etats, est signe d’intelligence, d’adaptation et d’ouverture à la construction d’une Europe des nations plutôt que de celle des technocrates.

Le pouvoir de la Commission (si elle demeure en place en cas de nouvelle ligne politique) doit être limité. Il devrait idéalement procéder d’incitations plus que de contraintes, sauf sur certains domaines bien définis comme la défense militaire.

Une telle situation de géométrie variable pourrait durer des décennies. Elle n’empêcherait pas une union politique plus forte dans l’avenir lointain. Celle-ci aurait alors lieu après une longue période d’ajustement des nations européennes.

Cette option a le mérite de respecter les populations des Etats membres, leur histoire, leurs spécificités, leur génie.

 

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Car le respect est loin d’être fidèle au rendez-vous. Voyons comment certains parlaient de la Norvège en 2015:

« Le refus répété de la Norvège d’adhérer à la Communauté européenne (1972 et 1994) rappelle que derrière une population de commerçants et de marins – traditionnellement tournée vers le large – subsiste un tréfonds rural et côtier, au nationalisme militant, replié sur sa nature, sa culture, et l’État-providence. »

Rural côtier, des qualificatifs peu valorisant dans la bouche des mondialistes. Un sorte de mépris de classe, presque. Et en quoi serait-ce un mal? En rien.

De plus l’histoire de la Norvège, pays dominé par ses voisins pendant six siècles, et sa géographie particulière, justifient cette posture. Dès le XIXe siècle ce pays suit la tendance européenne:

« … la reconstruction d’une identité nationale, les luttes pour la souveraineté et les expressions du nationalisme y sont particulièrement remarquables par leurs spécificités. »

La première force d’une nation est de rendre sa population plus libre en regard du monde environnant et de sappuyer sur son histoire et sa culture pour choisir son avenir.

 

 

 

Catégories : Politique 3 commentaires

Commentaires

  • Excellent article, Homme libre !
    Oui à une Europe des nations avec une certaine dose de géométrie variable. Un peu à l'image de la Confédération helvétique de 1815, évoluant vers l'Etat fédéral avec sa constitution de 1848.

  • Tout-à-fait, et l'évolution de la Suisse que vous citez est exemplaire.

  • Je ne sais pas ce qui a réuni les confédérés suisses, mais je ne vois pas ce qui pourrait faire de l'Europe une nation. Des accords multilatéraux, comme ceux qui existent partout dans le monde, sont possibles et souhaitables. Mais la monnaie unique est une hérésie. La valeur monétaire a toujours été dans l'histoire une représentation fidèle de la richesse produite. Or les pays qui composent cette Europe ont des niveaux de vie fort différents. Quant à l'armée, il n'y a aucune préférence européenne pour se fournir en armes. C'est l'OTAN qui fait déjà le boulot. Je ne vois pas de souveraineté européenne...

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