Le Conseil national a renoncé à modifier la transmission du nom de famille. Le projet abandonné, proposé par la gauche, stipulait que l’enfant pouvait porter le nom de famille choisi par les parents lorsque ceux-ci gardent chacun leur patronyme.
En cas de désaccord, une instance judiciaire aurait pris la décision à la place des parents. On a même entendu proposer un tirage au sort pour décider du nom de l’enfant.
Ce projet faisait suite à un avis de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, selon lequel le droit suisse n’est pas entièrement compatible avec le droit européen en matière d’égalité hommes-femmes.
Il y a un an j’ai déjà exprimé mon désaccord avec ce projet, ici et ici.
Je pense que cette histoire révèle les limites du concept d’égalité, et l’absurdité à quoi il entraîne quand cette limite est dépassée.
Plus même: on est une nouvelle fois devant la tendance actuelle de judiciarisation de la vie privée. C’est l’étatisme judiciaire. En l’occurrence les humains, les couples sont mis au service de la loi, alors que la loi devrait être au service des humains. Le concept d’égalité est devenu un dogme et la loi voudrait sanctifier ce dogme.
Car enfin, des inégalités, il y en a dont personne ne se plaint. Ou alors, il faudrait, au nom de l’égalité, décréter que les hommes peuvent porter des enfants. Cette inégalité est biologique, me direz-vous, et la loi n’y peut rien. Mais justement, la loi est au-delà des différences biologiques ou physiques.
Bref. Il y a un concept probablement plus important que l’égalité: c’est l’équité. Et si le stupide et misogyne code Napoléon, qui a volontairement diminué la place des femmes dans la société pendant 150 ans, n’avait pas été aussi inique, inéquitable, on ne ferait peut-être pas aujourd’hui un dogme de l’égalité. On n’aurait pas fait un projet de loi absurde qui voulait faire entrer les juges ou le hasard dans la vie des parents et des enfants.
Quelle est l’équité dans le fait de donner le nom du père par défaut? C’est de donner au père une reconnaissance vis-à-vis de la société et le soutenir dans sa prise de responsabilité morale, affective et émotionnelle de la famille. La mère, par la grossesse, a d’emblée une place, évidente, indiscutable. Pas le père, dont on ne peut jamais être sûr qu’il est réellement le père biologique (selon des enquêtes américaines 5% à 15% des pères ne sont pas les pères biologiques et ne le savent pas). Par le patronyme il peut endosser non seulement le fait d’être père biologique mais aussi la fonction paternelle. La mère, elle, endosse les deux naturellement, parce que l’enfant vient de son ventre.
Bravo au National de ne pas avoir suivi cette proposition surréaliste. Car ce qui se joue là, c’est une sorte de combat entre la réalité, nuancée, tenant compte du facteur humain, et la rigidité inhumaine du dogme. On ne doit pas oublier que l’égalité n’est pas une religion: ce n’est qu’une disposition.
PS: Pas d’équité pour les otages suisses de Kadhafi, objets d’une vendetta. Nous pensons à eux et à leurs familles, particulièrement en cette période de fêtes.
Commentaires
C'est vrai... mais il n'empêche qu'un père serait heureux si sa fille pouvait donner son nom à ses enfants. Un homme qui n'a pas de garçon verra son nom peut-être s'éteindre.
Mais c'est insoluble, faire autrement créerait d'autres lésés.
C'est sans doute par sagesse que ce projet a été abandonné.
:-B
c'est une coutume des pays arabes, pour distinguer les enfants on leur donnait le non de la mére.
Un projet de loi, aujourd'hui en suspens, prévoyait de laisser les parents donner indifféremment le nom du père ou de la mère à l'enfant. Qu'en pensez-vous?
On a voulu s'inspirer des pays ibériques dans lesquels l'enfant porte le nom du père et de la mère. Mais ces pays ont été occupés pendant sept siècles par les Arabes qui pratiquent le harem et ont plusieurs enfants avec des femmes différentes. Le premier garçon se prénomme toujours Mohamed. Pour les distinguer, on a ajouté le nom de la mère. Dans nos sociétés, cela n'a pas de sens. Le nom que les mères donneraient à leur enfant ne serait jamais que celui de leur propre père.
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/famille/remettre-l-enfant-a-la-bonne-place_489894.html
@ Pascale:
L'Espagne a une façon étonnante et compliquée. Pour les enfant c'est nom du père + nom de la mère. Pour une femme qui se marie c'est nom du Mari + son père + sa mère.
En terme de reconnaissance sociale de la filiation, il y a quelque chose d'intéressant.
Je pense que pour l'homme le nom est important comme identité symbolique. Je ne saurais dire si c'est par tradition ou si c'est plus profond. Je ne sais pas ce qu'il en est pour la femme.
Est-il possible que la maternité, qui implique une identité archétypale de donner et reproduire la vie, soit au premier plan par rapport à l'identité symbolique du nom? De l'homme et de la femme, la femme est la seule qui ait eu de tous temps une fonction indispensable par la reproduction de la vie, de l'espèce. D'où la très forte valeur accordée à la mère.
Enfin, ce sont des questions que je me pose.
Dans ce projet figurait aussi l'idée que chacun puisse garder son propre nom de famille ou choisisse celui que le couple voulait comme "patronyme" (ou "matronyme" du coup) commun. Avant de passer à la question des enfants on aurait déjà pu commencer par cela...
Dans un pays comme la Suisse qui a déjà eu du mal à faire passer sa réforme du mariage, à l'époque (il y a à peine plus de 20ans) déjà combattue au nom de "l'unité familiale", il faut savoir avancer à petits pas.
Je suis pour le systéme où l'homme donne son nom, dans ce systéme la femme donne la vie et l'homme le nom. et je pense logique que la femme porte le même non que ses enfants, un courant d'idée veut que ce systéme soit discriminatoire et sexiste, je pense que si les enfants portent le nom de la mére c'est le pére qui est discriminé, et que c'est du sexisme ant-homme.