Le nationalisme revient en première ligne dans de nombreux pays d’Europe. Les partis qui s’en réclament font depuis quelques années des scores importants, voire impressionnants, aux différentes élections. En même temps la critique de ces partis et du nationalisme qu’ils affichent s’est exacerbée. Sans toutefois réduire l’influence grandissante de ces partis.
Mais pourquoi une telle critique contre les partis nationalistes? Parce qu’ils sont essentiellement présentés comme xénophobes. Leurs positions sur l’immigration et l’accueil de l’autre sont sensiblement plus limitatives que celles des partis de gauche ou de la droite libérale traditionnelle. Mais y a-t-il une véritable différence idéologique sur le fond entre par exemple le Front National en France, ou l’UDC en Suisse, et les socialistes?
Je n’en suis pas certain. Le concept de Nation est utilisé par l’ensemble des forces politique. Si l’on définit la nation comme la réalité d’un peuple ayant certaines attaches communes: territoire, histoire, religion, langue, culture, disposant d’une identité nationale commune - Français ou Suisse par exemple - et représenté par un gouvernement et des institutions spécifiques, alors nous sommes tous nationalistes. Nous faisons tous référence à un pays défini par un territoire et à un signe commun d’appartenance qui est la nationalité manifestée dans un document d’identité. Cette identité est souvent exprimée par une langue et une religion, et une histoire commune, mais pas automatiquement. On peut aussi ajouter au concept de nation le fait de décider de vivre un destin commun, ce qui lui confère un caractère plus abstrait susceptible de s’ouvrir davantage aux autres et d’intégrer des communautés d’origine ethnique, linguistique ou religieuses différentes en établissant une égalité de droit et de valeur entre elles.
Pendant des siècles depuis le Moyen-Âge l’Europe a été morcelée en de nombreux territoires, souvent très petits, laissant place par périodes à des regroupements et des empires. L’Histoire de la France elle-même est celle d’un petit territoire dirigé par un roi, dont les descendants se sont peu à peu approprié des territoires aux langues et coutumes pourtant très différences.
La Révolution française a consacré la nation comme le lieu de la souveraineté des peuples. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 précise: «Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation.» La déclaration universelle de 1948 a supprimé la référence à la nation mais introduit à l’article 15 la notion de «nationalité»: «1. Tout individu a droit à une nationalité. 2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité.»
La nation a donc été associée à la question de la liberté individuelle et des droits fondamentaux. L’atténuation par la version de 1948 n’enlève pas le fait qu’il y ait une nation et contient implicitement le fait que c’est par la nation, ses lois et son gouvernement, que les droits de l’Hommes sont appliqués.
De nombreuses révolutions en Asie et Afrique ont eu lieu au nom de la nation, encore aujourd’hui. De plus, à gauche comme à droite, la remise cause de l’internationalisme ou du supranationalisme européen s’exprime en tenant compte de la nation, que ce soit le souverainisme, la préférence nationale, le refus du dumping salarial par une immigration moins coûteuse. Les syndicats de chaque pays veulent préserver le pouvoir d’achat des employés et ouvriers du pays en payant le même salaire aux personnes issues de l’immigration qu’aux personnes natives ou aux nationaux. Par cela on préserve les acquis des travailleurs d’un pays, le nôtre. Cela paraît évident pour tout le monde. Pourtant c’est une forme invisible de nationalisme, à savoir que les règles qui prévalent sont celle de la nation qui accueille.
Autre aspect du nationalisme: l’immigration. Aujourd’hui tous les partis politiques de n’importe quel pays admettent de fait que le nombre de personnes immigrées doit être limité. Personne ne revendique une ouverture totale et sans restriction des frontières. Personne ne dit que tout le monde peut venir s’installer en France. Imaginons ce que ce serait si ces centaines de millions d’immigrés venaient s’installer librement en France! Aucun parti donc ne le propose. Chaque force politique, de gauche ou de droite, reconnaît qu’il y a une limite maximale acceptable à l’immigration, et qu’elle doit être encadrée: connaissance de la langue et des coutumes et lois principales du pays d’accueil.
En sens inverse la question est la même: aucun pays hors d’Europe n’accepte de recevoir des étrangers sans permis, en nombre illimité, et sans que ces étrangers ne respectent les coutumes et les lois du pays d’accueil.
On peut donc dire que, d’une manière ou d’une autre, tous les partis et tous les pays, donc tous les peuples, ont le nationalisme comme référence dans leur idéologie ou leur pratique du pouvoir. La préférence nationale est un fait: aucun gouvernement ne va agir pour servir un Etat voisin et desservir les citoyens qui l’ont élu. Et s’il le fait il sera chassé lors des élections.
Considérant que tout le monde est tant soit peu nationaliste, on peut se demander ce qui fait la différence entre des partis de droite ouvertement nationalistes, comme le Front National en France, et la droite libérale ou le socialisme. La droite libérale est probablement l’offre politique qui se réfère le moins à la nation, qui admet le plus les échanges et l’internationalisme. Et les échanges internationaux sont sources d’enrichissement mutuel et de développement, comme l’ont été les grands empires du passé.
Par contre il y a moins de différence entre la droite ouvertement nationaliste et la gauche: à gauche les souverainistes sont nombreux, ainsi que les anti-mondialistes ou les altermondialistes, ceux qui souhaitent un renforcement des Etats pour régulers et encadrer le commerce. Et qui dit renforcement de l’Etat qui automatiquement renforcement de la nation, soit du couple Etat-Peuple.
Il y a grosso modo deux nationalismes. Sous l’une ou l’autre forme il semble avoir encore une longue vie devant lui. Si le 20e siècle a jeté des ponts entre les peuples au niveau mondial, il se pourrait bien que le 21e soit celui du repli national. Car, de gauche à droite, les citoyens se réfèrent majoritairement à une forme ou une autre de préférence nationale. Dans ce mouvement ce sont les libéraux qui risquent le plus. Le nationalisme, soutenu par la gauche et une partie de la droite, ne risque rien. Le libéralisme est menacé. Le peuple a parfois besoin de victoire ou de satisfaction pour faire confiance à ses représentants. Actuellement les peuples d'Europe se vivent en défaite.
L’histoire de Braveheart est signifiante du paradoxe qui existe entre liberté et nationalisme. Braveheart, héros mythique et nationaliste aimé de gauche à droite. Il a apporté la victoire. Et la défaite aussi. Mais, quelques années plus tard, l'Ecosse est devenue libre et indépendante pour une longue période. Le nationalisme avait gagné.
Et pourtant, le libéralisme a été et est synonyme de liberté - culturelle, individuelle, économique - bien plus que les nationalismes l’autoritarisme est latent.
Commentaires
Je soupçonnais mon pays de devenir fou mais depuis ce matin, mon soupçon s'est transformé en certitude.
Depuis la montée du FN, Marine le Pen est aujourd'hui associée au nouvel Hitler.
Coexiste donc à peu près deux camps : les "socialos cocos" et les "frontistes" soupçonnés d'être des nazillons en puissance rêvant de rendre à nouveau la France blonde aux yeux bleus.....Sauf que nous ne sommes pas en Suède, pas en Finlande ni en Norvège.
Sur quelques sites internet, il ne se passe pas un jour sans qu'une nouvelle info tombe sur Marine le Pen ou bien encore son père, toujours mis en adéquation avec une info concernant la seconde guerre mondiale.
Il y a quelques jours, on nous informait de la sortie d'un DVD de 20 heures couvrant la totalité du procès de Klaus Barbie pendant qu'on nous informait que Marine Le Pen était classée parmi les 100 personnes les plus puissantes de la planète.
Un autre jour encore, on nous informait qu'une chaine hongroise avait fait l'éloge d'Hitler à l'occasion de je ne sais plus quelle date.
La liberté d'expression est en train de disparaitre, vos moindres commentaires sur ces infos sont surveillés.
Impossible de dire que 20 heures de DVD sont bons, hormis pour les historiens, pour les acharnés de la chambre à gaz à moins de s'endormir.
Impossible de mettre les gens en garde devant ce que j'appelle le syndrome de Stockholm : on vous censure.
A vous aujourd'hui de bien maitriser vos moindres commentaires si vous ne voulez pas sauter sur une mine anti personnel.
Mais on vient de passer à l'échelon supérieur : je vous invite à visiter le site FAFWATCH.
Copié sur un modèle américain, ce site fonctionne sur le principe de la dénonciation.
Toute personne soupçonnée d'être d'extrème droite y est signalée. Vous y trouverez des photos d'abrutis complètement avinés en train de faire les marioles devant une croix gammée mais vous y trouverez aussi des noms, des adresses postales, des extraits entiers de copies d'écran twitter, facebook, des photographies de cartes d'identités nationales recto verso.
Incroyable que des gens qui se disent défenseurs de la liberté et des droits de l'homme utilisent dorénavant à leur profit les méthodes de la grande époque de la dénonciation.
Allez voir, c'est monstrueux, pour peu que vous ayez fait la moindre reflexion qui ne leur convient pas, vous rejoindrez les rangs, livré à la vindicte publique.