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Goodbye Philadelphia

Je n’y suis jamais allé. Toi non plus. Nous n’en parlions même pas. Pas de rêve, pas d’histoire. Nos voyages étaient plus modestes. Bruxelles. Paris. Le sud de la France. Ah, il y eut le désert, aussi. Et puis la Toscane.

Philadelphia1.jpgJe ne t’ai pas montré les longues plages du nord et ces vagues sans fin, où le soleil plonge comme un poisson brillant. Nous n’avons pas visité ces villes du nord où le gris s’illumine parfois, quand les nuages se déchirent. Nous n’avons pas visité cette Afrique souffrante où nous aurions pu, peut-être, donner un supplément de sens à la vie.

Les rues des villes se ressemblent. Les trottoirs, avec ces creux où se ramassent quelques boules de poussière brune. Les murs alternant les pleins et les lignes. Les bruits, les gens que l’on croise, chacun dans une autre vie, et pourtant dans la même vie. Et des buildings aux fenêtres perdues dans le ciel.

Comment sortir de cette prégnance de toi? Mes pas résonnent de tes pas. Ta voix n’est jamais loin dans ma mémoire. Parfois je me retourne pour te répondre. Mais tu n’es pas là.

J’ai perdu ton odeur. Aucune autre, de ces corps avec qui j’ai tenté d’autres matins, ne l’a remplacée. Non, ce n’est pas cela. Simplement le souvenir s’efface, comme une image au soleil, qui blanchit et tombe.

La nuit est amie. La nuit est seule. L’espace fermé de noir est sans limites quand on ne voit rien. Rien que quelques lumières. Rien, quoi. Alors les mots tournent à l’intérieur. Incessants et inutiles.

Je ne te retrouverai pas. Je n’ai plus la force. Trop d’années on labouré ma foi sans rien y semer d’autre que quelque chose comme cette nuit dans cette ville. Je n’ai plus cette force de construire. Le passé est vissé dans les articulations du coeur et a rouillé. La tâche est devenue trop grande.

Serait-ce une manière de dire que je ne t’aime plus? Certainement pas. Ou peut-être que si. Comment le savoir? Parler à ton ombre a usé mes repères. Je ne sais même plus qui j’ai aimé. Les premières années j’ai pu contenir la blessure. Mais elle a creusé son trou. Le pardon est surhumain.

Je ne te retrouverai pas. Tu n’es pourtant pas loin. Je sais où te chercher. Je pourrais t’attendre devant chez toi sur l’escalier. Tu arriverais. Quelle surprise! Je te sourirais. Tu me sourirais peut-être. Ou pas. Je pourrais alors arracher tes oreilles pour crier dedans sans que tu mentendes. Si tu m’entendais tu tomberais.

Je ne te retrouverai pas. Si tu ne viens pas je ne viendrai pas. C’est à toi. Cela veut dire que je ne te retrouverai pas. Je te connais: tu ne viendras pas. Le rendez-vous est décommandé.

Alors il n’y a plus rien. Plus rien d’autre que la nuit qui noie les fureurs et exalte la déroute au point d’en faire une oeuvre.

Plus rien. Ou presque. Il y a ces rues, les rues de Philadelphie, où nous ne sommes jamais allés.

Et cette chanson qui tourne dans ma tête.



 

 

 

Quelque part ailleurs... :

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Catégories : Poésie 2 commentaires

Commentaires

  • C est magnifique!

  • Merci Tessa.

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