Le monde des fourmis est épatant. Quelle superbe organisation. Tout est en place. Chacun son rôle, une armée efficace, des travailleuses infatigables, par de sexualité sauf pour la reine donc pas de problème de fesses. Pas de couple, pas de psychologue pour expliquer la bonne éducation ou la gestion de crise. Pas non plus d’individu rebelle qui viendrait mettre à mal la structure organisée de la société fourmilière.
Pas de questions à se poser le matin: comment je m’habille? Suis-je toujours la plus belle? Est-ce qu’elle m’aime encore? Pas de constat déprimant ou sympathique: zut il pleut. Foutu ascenseur encore en panne! C’est vert, qu’est-ce que t’attends pour y aller? Oui chef bien chef. Bonjour Lucienne (elle est drôlement sexy ce matin: est-ce pour moi?).
Le monde des fourmis n’a pas de tribunal, d’école, d’écrivain, de groupe de rock. Il vit simplement. Le matin on se lève avec le soleil, on bosse toute la journée en mangeant un peu, le soir on se couche en attendant demain. La vie s’écoule sans difficulté existentielle ni trouble de l’identité. Le groupe a défini tout ce que vous avec à faire et à être. La nourriture prépare les larves à leur fonction dans la société. Les soldates veillent au grain: police interne et défense externe.
Comme c’est pratique un monde où le groupe décide de tout et fait de vous ce que vous êtes. Tout est si simplifié. Pas d’opinion personnelle, pas de différence à gérer, pas d’avis à donner. On ne vit pas pour soi mais pour et par le groupe. Individualisme degré zéro. En plus il n’y a presque pas de mâles. Ils ne servent qu’à féconder une reine, après quoi ils meurent. La société des fourmis est donc femelle. Pas de problèmes de genres.
Cela me fait penser justement à la théorie du genre selon laquelle les différences hommes-femmes ne seraient qu’une construction sociale, sans fondement inné ou biologique. En conséquence il est proposé d’éduquer les enfants sans faire de différence sexuée. Le problème chez l’humain est qu’une telle théorie réduit à peau de chagrin ce qu’il y a d’individuel, de personnel. Si la société détermine autant nos vie il n’y a presque plus de contrepoids intérieur pour développer une individualité. La société nous fait, elle décide pour nous. C’est la droite ligne vers un système politique autoritaire.
Je pense que l’individu et son identité sexuelle ne sont pas que le produit de la société et de l’éducation. J’encourage à préserver nos différences et à nous construire avec. Ce qui suppose en même temps l’ancrage dans un respect mutuel. Vivre dans la différence exige plus de conscience individuelle et de construction morale de la société. L’indifférenciation donne le pouvoir au groupe - et donc à ceux qui le dirigent. La société humaine est certes un peu bordélique et certains aimeraient que règne un ordre lisse et une soumission générale à cet ordre. Mais nous ne sommes pas ainsi. Et je ne souhaite pas qu’un jour nous le devenions. La collectivisation ne demande que l’obéissance au chef. L’individualisation appelle la conscience de chacun.
Un auteur français cité par Rosette Poletti dans le Matin de ce jour, chef de service en psychiatrie au centre hospitalier de La Rochelle, spécialiste des troubles de l’humeur et de la neurobiologie, affirme pour sa part que l’inné l’emporte sur l’acquis, le biologique sur l’éducation. Il s’agit de Jean-Albert Meynard, auteur entre autre de: «Le sexe du cerveau - les vraies différences hommes-femmes» aux éditions L’Archipel. La controverse est donc toujours d’actualité puisque d’autres auteurs, comme Catherine Vidal, affirment que le déterminisme biologique n’est pas décisif dans la genèse des sexes.
Il décrit par exemple «que le corps calleux, nœud de communication situé dans l'axe médian du cerveau et qui se développe au cours de derniers mois de la vie in utero, est plus large et a une plus grande capacité d'échanges entre les lobes cérébraux chez les femmes. Ce qui expliquerait qu'elles soient plus bilatérales, aient un bon sens pratique et une logique verbale indiscutable.»
Pour cet auteur la plasticité du cerveau, soit la capacité à assimiler des informations sans se figer sur une seule d’entre elles, a des limites. Cette «simple» différence de volume du corps calleux aurait une conséquence importante dans l’identité, puisque le fonctionnement mental en est affecté. Hommes et femmes penseraient différemment, et ce ne serait pas dû à l’éducation. On peut imaginer apprendre aux hommes à penser comme les femmes mais s’il n’en ont pas la capacité physiologiques ils seront menés à l’échec. On peut aussi en sens contraire apprendre aux femmes à penser comme les hommes. Ce qui réduirait leurs capacités naturelles.
S’il y a des différences biologiques entre les genres, la théorie du tout-culturel tombe et il faut réapprendre la différence. Si le culturel se passe du biologique parce que la plasticité est plus forte, il faudrait quand-même préserver les différences. Elles sont utiles dans l’apprentissage du respect, de l’altérité, du jeu amoureux, entre autres, et dans l’émergence de l’individualité contre le risque d’uniformisation culturelle et politique de la société.
L’égalité n’est pas l’uniformité ou l’indifférenciation. Il faut former nos esprits à penser plus souple: egalité et différence sont compatibles.
Commentaires
" Comme c’est pratique un monde où le groupe décide de tout et fait de vous ce que vous êtes. Tout est si simplifié. Pas d’opinion personnelle, pas de différence à gérer, pas d’avis à donner. On ne vit pas pour soi mais pour et par le groupe. Individualisme degré zéro."
À ce stade de la lecture, je revendique le droit d'être cigale.
"En plus il n’y a presque pas de mâles."
Jamais, je le jure, je n'opterai pour acquérir la nationalité fourmi.
"certains aimeraient que règne un ordre lisse et une soumission générale à cet ordre. Mais nous ne sommes pas ainsi. Et je ne souhaite pas qu’un jour nous le devenions"
Entièrement d'accord. Les dieux nous en préservent. Déjà que l'idée d'être condamnée à être admise au Paradis avec l'assurance de m'y enquiquiner éternellement me fait cauchemarder.
"… une plus grande capacité d'échanges entre les lobes cérébraux chez les femmes. Ce qui expliquerait qu'elles soient plus bilatérales, aient un bon sens pratique et une logique verbale indiscutable.»
Euh… Le bon sens pratique ça se discute parfois. Quant à évoquer la logique verbale indiscutable des femmes, c'est une façon polie de dire qu'elles veulent toujours avoir le dernier mot et qu'elles saoulent tellement les hommes qu'ils préfèrent se taire et les laisser causer.
"Hommes et femmes penseraient différemment, et ce ne serait pas dû à l’éducation."
Pas besoin d'avoir fait des études supérieures pour en arriver à ce diagnostic. Il suffit d'un peu de bon sens.
"Égalité et différence sont compatibles."
Mais qu'est ce que c'est difficile - voire souvent impossible - à faire admettre !
@ Râleuse:
La logique verbale... vous êtes dure!... :-))
Nan, moi j'adore causer, et si elle parle trop je rouspète que je n'ai pas ma place!!!
C'est plus l'inverse qui peut me stresser: quand la femme ne parle pas.
"n plus il n’y a presque pas de mâles. Ils ne servent qu’à féconder une reine, après quoi ils meurent."
Une reine? Une mante religieuse oui?!!!! LOLLLL
Ce sont des marathoniennes à temps plein! Petite, elles ont aiguisé ma curiosité. Je m'asseyais sur une marche de l'escalier qui menait à la terrasse et les observais: ça courait partout.. elles ramassaient des "cadavres" sûrement des mâles après l'amour... les miettes de pain que je leur apportais, ça rentrait dans des trous d'où elles ressortaient encore plus pressées... Cela n'arrêtait pas! Croyez-vous les femmes d'aujourd'hui aussi travailleuses?!!!!! :))))))))))
"J’encourage à préserver nos différences"
Et moi donc?!!!!