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Espèce d’épicène! - ou comment faire ronronner la chatte

Le langage épicène serait-il le nouveau surréalisme? Non. Dans le surréalisme il y avait du talent. Alors que l'épicénation, bien que frôlant régulièrement l'absurde quand elle n'y mouille pas complètement sa brassière, n'est qu'une lubie sans inspiration ni légitimité. La langue française offrait une perception de la complexité; dorénavant elle va devenir chiante et contraignante sans augmentation du sens. D'ailleurs plus ça va moins ça va. Ainsi je suis tombé sur quelques termes «épicènés» dans le dernier billet d’Adrien Faure, blogueur assidu et courtois. Et bien on ne sait plus à quel sein saint se vouer.

Exemple:

«les caisses de pension des travailleuses·eurs». A vous faire préférer la moquette à la lecture. Parce que la moquette, au moins, on sait qu’elle est faite pour modifier les perception; c’est normal.

Simplifions: écrivons «travailleuseseurs» sans séparation. Puisque le langage épicène sépare ce qui était uni - intention hautement symbolique - unissons à nouveau ce qui est séparé.

épicène,masculin,féminin,langue,féminista,travailleurs,femmes,hommes,gauche,chatBon, normalement, selon les règles, il faudrait écrire: travailleu·se·r·s; ou: travailleurs-euses. (Et dans travailleurs-euses, il y a «heureuse»... ce qui ne signifie pas que les travailleurs sont automatiquement heureuses). En effet en langue épicène on écrit la forme féminisée en prolongement de la forme masculine, afin de s'approcher au plus près d'une certaine logique de lecture. La féminisation est donc un appendice rajouté. Un peu comme si Eve était sortie de la côte d’Adam, laquelle côte ferait un très bon trait d’union entre l'original et la copie - gniark-gniark-gniark.

Exemple: «Chèr-e-s ami-e-s». Le féminin est après le masculin. C'est donc officiellement confirmé: le féminin suit le masculin. Ben oui. C’est la logique épicène. Symboliquement ça sent le raté. Ça, elles auraient eu envie de se tirer une balle dans le pied, elles ne s'y seraient pas prises autrement. Essayez d'inverser: «Chère-er-s»; c'est illisible. Nos Féminista sont inénarrables.

Sauf que pour «Chèr-e-s» il y a un problème: au masculin le mot s’écrit «chers», sans accent sur le premier e, et au féminin il y a l’accent grave: «chères». Vouloir écrire le mot en langage épicène: «chèr-e-s» c’est l’abâtardir. Sa signification est absconse et l’on ne sait plus où est le masculin. (Hum... c’est peut-être le but?)... Faut-il écrire: «cher-ère-s»? Ou mieux: «che-è-r-e-s»? Ou encore:  «che-`-r-e-s»? Cette forme aurait le mérite de bien distinguer les signes du masculin et ceux du féminin. Il existe une autre possibilité: la règle du doublet ou de la répétition. En voici un exemple tiré du site de l'Université de Sherbrooke au Québec:

«Vous êtes étudiante ou étudiant? Nous demandons aux étudiantes finissantes et aux étudiants finissants de choisir deux représentantes ou représentants des chargées et chargés de cours lors de cette grande fête.»

On remarque dans cet exemple l’usage de l’adjectif verbal «finissantes». L’adjectif verbal s’accorde au substantif dont il exprime une qualité. On peut regretter cette qualification de finissantes, qui n’est pas très esthétique. On parle de saison finissante, mais dire qu’une étudiante est finissante laisse comme un goût de vieillissement dégradant. Il eût été plus simple d’user du participe présent qui exprime non une qualité mais une action et qui n’est pas genré puisqu’il ne s’accorde pas:

« Vous êtes étudiante ou étudiant? Nous demandons aux étudiantes et aux étudiants finissant leur cursus de choisir ...» Il reste cette question: met-on le féminin en premier, ou le masculin? On peut contourner totalement le problème:


«Vous terminez bientôt vos études à l’Université? Nous vous demandons de choisir deux épicène,masculin,féminin,langue,féminista,travailleurs,femmes,hommes,gauche,chatpersonnes qui représenteront le personnel chargé de cours lors de cette grande fête.» Voilà qui est mieux. Mais franchement, la littérature - même administrative - n'a pas attendu le langage épicène pour user de formes simples et claires à lire.


Je reviens aux «travailleuses·eurs»...

D’accord, Adrien Faure a voulu montrer aux femmes qu’il est un bon garçon et qu’il les met en premier, avant les hommes. Non, je ne le soupçonne pas de démagogie. Seulement d’une forme de drague moderne. Il sait que pour faire ronronner la chatte il faut la caresser dans le sens du poil... On pourrait aussi discuter sur l’usage du substantif «travailleurs». Tout le monde travaille donc tout le monde est travailleur. Ne serait-il pas plus simple de dire «employés»? D’accord, c’est moins de gauche (le langage a ses appartenances) mais c’est plus facile à épicéner: «employé-e-s». Par contre le féminin est en second. Ça casse le plan drague. Bon, alors: «employée-é-s».

:-)

Mais alors, après avoir écrit « travailleuses·eurs», voilà qu’Adrien précise:

«certain·e·s travailleuses·eurs».

Ici on a «certain·e·s» avec le masculin en premier, c’est logique. On n’irait pas écrire «certaine·un·s». Et juste après ce travailleuses·eurs où le féminin précède le masculin.

Il n’y a plus aucune logique. Je soupçonne la Féminista d’être complètement épicène à l'ouest.

On pourrait aussi utiliser le doublet, ou la répétition: «certains travailleurs et certaines travailleuses». Cela deviendra vite rébarbatif. Et puis, quelle forme mettre en premier: la féminine ou la masculine?


La seule attitude mentalement saine est de refuser purement et simplement le langage épicène. Sauf dans un cas. Il n’y a qu’un mot épicène où la féminisation complète agréablement la forme masculine. C’est Déblogueur qui l’exprime dans un commentaire sous le billet d’Adrien:

«Les copain-pine-s»


Ils auraient tort de s’en priver.......


P.S.: Je n'ai jamais reçu de réponse du ministère de Monsieur Charle Beer suite à la lettre ouverte que je lui avais adressée.


Pour se laver la tête après le labyrinthe épicène, rien de tel que le Jefferson Airplane et sa chanteuse Grace Slick, femme flamboyante d'une génération libre qui se moquait de l'épicénat et de la Féminista comme de son premier soutien-gorge:


Catégories : Féminisme, Humour 8 commentaires

Commentaires

  • Il faut voir comment les Anglophones ont réglé la question de l'épicénation: ils(-elles) ont complètement évacué la forme féminine des mots. Il n'y a plus de faute d'accord de genre dans leur grammaire. Devrions-nous en arriver là?

  • Et en langue allemande c'est l'inverse: le féminin l'emporte sur le masculin: "die" pour le féminin singulier et pour le masculin et féminin pluriel. Les hommes allemands ne se sentent pas pour autant dépréciés ou humains secondaires.

  • Bonjour John ! :-)

    Votre billet m'a fait rire^^

    En ce qui concerne mon article, je l'ai rédigé pour Pages de gauche (le journal de l'aile gauche du PS).

    Voilà le détail en ce qui concerne les règles de rédaction du journal par rapport à la féminisation :

    Féminisation
    a. Principe général : adopter une formulation épicène aussi souvent que
    possible.
    b. Lorsque cela n’est pas possible, les formes féminines et masculines sont
    séparées par un point ( · )1.
    c. Lorsqu’il y a ajout, le féminin se place en second (le·la citoyen·ne).
    d. Lorsqu’il y a substitution, elle se fait selon le suffixe et le féminin se
    place en premier (rédactrices·eurs, travailleuses·eurs).
    e. Adjectifs accordés n’importe où dans la phrase, à la réserve du point f.
    f. S’il y a reprise subséquente d’une forme féminine·masculine avec
    pronominalisation, la forme masculine est employée (ils, eux, son, etc.).
    g. Pour toutes et tous (et formes similaires), la forme est tou·te·s.
    h. Expressions à proscrire (et recommandations) : « l’homme de la
    situation », « femme de ménage » (employé·e de maison/domestique),
    « maman de jour » (accueillant·e familiale), « droits de l’homme »
    (droits (des) humains, droits fondamentaux), « sciences de l’homme »
    (sciences humaines), « Homme » (être humain).

  • ho ho ho :-D
    "che - ` - r - e - s" ! MDR!

  • Il est heureux que vous vous soyez concentré sur la forme du billet. Car le fonds le dépasse de loin en termes de surréalisme. Du moins pour qui possède un minimum de connaissances en économie.

    Au fonds, il revient (suivant en cela les idéologues de gauche qui ont creusé la tombe de la CIA) à préconiser pour nos retraites une sorte de système à la Ponzi où les affiliés actifs assurent l'entretien des retraités (rappelons qu'un certains Bernard Madoff s'est pris récemment 120 ans de prison pour ce genre de fraude).

    Au demeurant c'est un système en parfaite contradiction avec l'esprit de la Loi sur la prévoyance professionnelle, raison pour laquelle Berne a dû taper du poing sur la table après plusieurs décennies de laxisme.

    Et après on se demande pourquoi tous les Etats gérés par des socialistes pur sang ou assimilés font faillite...

  • Merci John pour ce billet ; une contribution de plus, intelligente, à un phénomène très actuel du "politiquement correct" qui dans ce cas confine à la bêtise la plus crasse.
    Figurez-vous que je corrige à l'instant le devoir de français de mon garçon (6 P Harmos).
    Il apprend les participes passés. Je copie son devoir :
    "Il me semble que je ____________ déjà ____________ à cet endroit".
    Texte écrit par l'écolier :
    "Il me semble que je suis déjà allé (e) à cet endroit".
    Quelle idiotie :
    Ne serait-ce pas plus logique que les garçons écrivent "allé" et les filles "allée" ???
    En tous cas, ainsi, la réponse est à chaque fois fausse, fille comme garçon.
    Mais c'est comme ça qu'on formate les petits à une cause qui semble très chère à notre Madame Salerno...
    Bon, il faut la comprendre, tant il est vrai que la pauvre Sandrine, à côté de Grace Slick, fait bien pâle figure...

  • Au lieu d'ajouter des traits d'unions ou des barres obliques, des astérisques etc., ne serait-il pas plus simples d'inventer de nouveaux suffixes faciles à prononcer ? Par exemple, au lieu de travailleurs/euses, on pourrait décider de remplacer le -eur par -üpfüllü lorsqu'on parle des deux sexes. "Camarades travaillüpfüllü", c'est plus clair que "Camarades travailleurs/euses". Lorsqu'un e sépare le féminin du masculin, on pourrait utiliser -astrongachaff pour bien marquer l'épicénité : "Mes chérastrongachaffs amistrongachaffs étudiantastrongachaffs", ce qui est tout de suite plus clair que "Mes che/èr-e-s ami-e-s étudiant-e-s. De même le terme "pastrigollipo" pourrait remplacer "femme" et "homme" lorsqu'on ne souhaite pas préciser : "Unastrongachaff pastrigollipo" pourrait être à la fois un homme et une femme de ménage. Et bien sûr les droits du pastrigollipo seraient beaucoup plus politiquement corrects. Et ce ne sont que quelques idées, il y aurait bien entendu beaucoup d'autres possibilités pour couvrir tous les cas de figure.

    Je suis persuadé que la Jeunesse Socialiste pourra en faire le sujet de sa prochaine initiative fédérale.

  • @ A. Piller:

    Vous donnez un exemple concret de l'illogisme de ce langage.
    "Ne serait-ce pas plus logique que les garçons écrivent "allé" et les filles "allée" ???": cela devrait être évident. Ce langage s'introduit peu à peu dans l'école sans qu'il y ait eu de débat ni de contre-parole à la parole dominante.


    @ Grande palmeraie:

    J'aimais déjà les oasis, mais là je suis resté plié pendant plusieurs minutes! L'-üpfüllü, le -astrongachaff et pastrigollipo, c'est excellent!
    MDR!


    @ Sérum:

    La différence des sexe tiendrait dans un accent. Si cela peut sembler léger, considérons que l'accent est grave... :-)

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