Les images de joie dans le quartier du Marais à Paris font écho à la satisfaction des députés de la majorité de gauche à l’Assemblée nationale française. La fête de rue regroupant spontanément des milliers de personne montre que le projet de loi sur le mariage gay était attendu et a une valeur de symbole pour la population concernée.
Le mariage, un symbole puissant
Le vote des députés n’efface cependant pas les questions soulevées. Et si le débat trouve momentanément sa fin du moins au plan législatif, il continue dans la société civile.
La première réflexion suite à ce vote est: quel symbole cette loi représente-t-elle, hormis son aspect électoraliste et de mainmise du lobby LGTB sur le parti socialiste? L’explosion de joie montre que l’enjeu est probablement au-delà du strict mariage. C’est la place de l’homosexualité dans la société qui se trouve mieux reconnue. La joie des personnes concernées est dès lors compréhensible.
La deuxième réflexion est l’étonnement d’avoir fait du mariage un tel enjeu. Il y avait le PACS et les personnes homosexuelles - comme ceux des hétéros ne souhaitant pas passer par le mariage - semblaient avoir trouvé une place juridique dans la société. Le mariage ajoute la dimension familiale et les questions relatives à la filiation. Il est paradoxal que la gauche, qui historiquement a remis en question la famille, en vienne à prôner l’institution qui historiquement instituait ladite famille comme pilier social et juridique de la société.
Au passage on constate que le mariage reste une institution mythique, puissante, ayant à ce jour résisté au-delà de l’imaginable à toutes les attaques et critiques parfois extrêmement virulentes, ainsi qu’à la dévalorisation que la facilité du divorce lui inflige. Il reste comme un marqueur fort du couple, et maintenant il le devient pour les paires homosexuelles.
Toutefois une loi ne saurait changer le sens des mots et des institutions. Le mariage est l’union de deux personnes hétérosexuelles et le restera dans le principe. L’union homosexuelle n’est pas un couple puisqu’au strict sens du langage le couple désigne une altérité, une différence de sexe et de genre. Le mot qui désigne une union homosexuelle est une paire qui exprime le dédoublement du même.
C’est ainsi et l’on ne peut changer le langage à sa convenance et faire dire aux mots ce qui arrange les uns ou les autres selon les besoins du moment.
Le mariage, s’il représente un mythe pour les personnes homosexuelles, l’est encore plus pour les personnes hétérosexuelles puisqu’il donne un cadre socio-juridique à la procréation et garantit la sécurité des membres de la famille en cas de décès ou de séparation.
La question non réglée du statut de l’enfant
La réflexion suivante reprend la notion de filiation. Le fait qu’un enfant sera privé ou de père ou de mère biologique est en soi une question de société fondamentale. La biologie est la réalité d’où nous venons et reste indispensable même avec l’adoption, la PMA ou la GPA. L’humain n’est pas tout culturel. Les enfants qui ne connaissent pas leurs géniteurs biologiques les cherchent pendant une bonne partie de leur vie. Un enfant qui naît dans une famille hétéro ou homo doit connaître ses géniteurs. Il y a dès lors ou deux pères ou deux mères: biologiques et sociaux. Pour les enfants qui sont dans cette situation c’est une évidence. Se pose dès lors la question des visites entre le père ou la mère biologique et l’enfant.
Cela doit être non seulement envisagé mais aussi réglé. Et quand on voit la difficulté à faire respecter le droit de visite en cas de séparation d’un couple, on imagine qu’ici ce sera pire.
De plus, les paires homosexuelles n’étant pas reproductrices, il n’y a que par l’adoption ou les méthodes d’assistance qu’elles peuvent devenir parents. GPA et PMA représentent un réel risque de marchandisation de l’enfant. Mais plus encore ce risque existe par la notion de «droit à l’enfant» qui a été exprimée dans ce débat: l’enfant redevient un objet.
Depuis des siècles l’évolution de la société a été vers une reconnaissance de l’enfant comme une personne. Dans l’antiquité certaines populations pouvaient tuer leurs enfants sans encourir de peine. Les sacrifices humains, en particulier celui du garçon premier-né, étaient mentionnés dans la Bible. Le travail des enfants à la mine a existé. La législation libérale a fait évoluer cet état de chose de l’enfant objet vers celui de sujet. L’enfant est protégé dès sa naissance et ne peut être traité en objet. Il a une personnalité sociale et juridique.
Or le «droit à l’enfant» provoque un retour en arrière. L’enfant n’a jamais été un droit pour les parents: il était l’expression d’un devoir de subsistance et d’éducation et une condition de la pérennité de l’espèce. Aujourd’hui il devient un droit, comme un objet, pour imiter la famille hétérosexuelle. L’enfant-roi redevient l’enfant objet.
L’ultra-libéralisme est de gauche
Il est particulièrement étonnant de voir la gauche soutenir ce projet ultra-libéral. L’égalité en est-elle vraiment la raison? N’est-ce pas plutôt la suite d’une idéologie qui considère la famille comme une institution de droite et un lieu d’exploitation de la femme? La destruction de la famille nucléaire, qui a été le lieu de l’éclosion de l’individu, n’est-elle pas le but réel de ce projet? Car autrement, pourquoi présenter comme une évolution de société une loi qui ne concerne qu’un très faible pourcentage de personnes?
Avant ce débat je n’avais pas de position tranchée sur ces questions. Une réflexion plus poussée, une analyse des différents arguments, me fait aujourd’hui me positionner en désaccord avec cette nouvelle loi. En désaccord avec cette société qui déconstruit sa culture sur les arguments devenus fallacieux de l’égalité et du progrès, alors que la réflexion de fond est le parent plus que pauvre de cette évolution.
Effet supplémentaire possible de cette évolution: après 50 ans de destruction du père biologique - entre autres en le rendant inutile et rejeté par les tribunaux - c’est la mère biologique qui cette fois est attaquée. Un utérus artificiel la remplacerait aisément. Gageons que dans quelques décennies le féminisme s’en prendra à cette évolution comme négatrice de la femme à travers la négation de la mère!
Commentaires
Merci pour ce papier.
En appui, voici cet article du Monde, qui vient démanteler le derniers espoirs des "idiots utiles" qui ont pensé que le oui à cette Loi Taubira ne concernait QUE la reconnaissance d'une minorité et sa stricte égalité de droits. Ces mêmes "idiots utiles" qui n'avaient pas vu le réel enjeu de la question: http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/04/25/la-pma-victime-de-l-opposition-au-mariage-homosexuel_3165394_823448.html
Quant au retour en arrière concernant les enfants, il concerne également le statut des femmes. En fait, on est plus proche que jamais du droit Romain. Ceux qui pensent qu'il s'agit là d'un progrès ont, de toute évidence, gâté leurs cours d'histoire à l'école....
Intéressant article du Monde, qui éclaircit en effet bien des non-dits du débats. J'en reprendrai peut-être certains points pour donner une suite au billet de ce jour.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/04/26/contre-le-mariage-gay-poutine-veut-limiter-les-adoptions-internationales_3167416_3214.html
les taubira et consorts celui là il ne va pas vous manger dans la main, c'est un homme comme ça que vous avez besoin en face de vous pas un fanfrelande qui accéde à tous vos délires.
"L'une des organisatrices de la marche, Irina Bergset, coordinatrice du mouvement des Mères russes, avait écrit à l'époque au président Poutine pour lui demander d'interdire les adoptions par des Français. "Ils ont légalisé le mariage entre personnes du même sexe. Ce qui est normal en France est anormal en Russie", avait-elle écrit."
un pays qui comprend encore que les rôles parentaux sonts différents entre les hommes et les femmes.