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France: vers un changement de philosophie?

Dans mon précédent billet je faisais état de ce sondage sur les désirs politiques et sociétaux des français. Il en ressort comme une évolution des mentalités. Le changement marquant est l’acceptation de réformer l’Etat dans le sens d’une diminution de ses dépenses, donc des ses domaines et volumes d’intervention.

france,sondage,politique,libéralisme,socialisme,gauche,droite,individu,florange,hollande,sarkozy,Les valeurs vers lesquelles tendent une majorité de français, selon ce sondage, sont: l’individu, l’entreprise, la famille.

Les Etats forts sont la règle partout, même dans des pays libéraux. L’Etat est le garant de l’intégrité territoriale, des droits des citoyens, de la sécurité intérieure et extérieure, de la formation de base, de la gestion des grandes infrastructures, de l’énergie et de l’administration de la Justice selon des critères communs. Toutes les tendances politiques reconnaissent cette nécessité, sauf peut-être l’anarchisme.

Dans cette réalité, socialisme et libéralisme proposent des orientations différentes des budgets et des interventions de l’Etat. Schématiquement le premier propose plus d’encadrement des citoyens et des relations internes à la société, plus d’interventionnisme, plus d’arbitrage, plus d’actions de type sociale - soit d’aides diverses. Cela suppose donc plus de fonctionnaires et de pouvoir accordé à l’autorité centrale, et plus d’impôt - l’impôt étant une forme de redistribution des richesses. Le libéralisme invite à moins d’Etat, moins d’interventionnisme, plus de liberté de choix, moins d’encadrement individuel - laissant un plus grand espace pour l’initiative individuelle et les solutions négociées de cas en cas dans tous les domaines.

Ce schéma est nuancé selon les pays et les limites mises au socialisme et au libéralisme. Par exemple l’ordolibéralisme allemand admet l’intervention de l’Etat comme partenaire et garant des accords conclus par le monde du travail. On peut aussi laisser à l’Etat un rôle d’entrainement dans le développement de nouvelles industries, par des commandes d’équipement, des allègements de charges aux entreprises, etc.

On avait pris l’habitude de voir une France très revendicatrice, méfiante sur l’entreprise, plutôt victimaire et demandant tout à l’Etat. Le sondage d’hier montrerait le début d’un changement de philosophie. Un mouvement se fait de la dépendance vers l’autonomie, de l’attente de solutions collectives vers l’initiative individuelle. L’avenir du pays ne dépend pas de l’Etat mais des individus.

La crise actuelle agit comme accélérateur des mentalités. On voit les limites de l’interventionnisme d’Etat. La situation d’Arcelor Mittal, par exemple, a posé en clair la démarcation entre gesticulation politique et décision de l’entreprise privée. Par cet exemple certains se sentiraient légitimés à donner plus de pouvoir à l’Etat: nationalisations, limitation du pouvoir des sociétés, contrôle des revenus des dirigeants, voire fin de la propriété privée. Mais l’Etat ne peut être juge et partie et créer lui-même, aux forceps, ce que des individus ont construit parfois en plusieurs générations.

Si le socialisme pensait que le collectif modèle l’Homme et que l’on peut former des humains par une idéologie décidée et contrôlée par l’Etat, l’Histoire a démontré que cela ne marche pas. L’individu et ses désirs semble plus puissant que le formatage idéologique.

On dit du libéralisme que c’est, entre autre, la somme des égoïsmes utiles bien gérés. Les français prendraient-ils du recul sur le filigrane collectiviste qui aromatisait l’atmosphère politique depuis un siècle? Reviendraient-ils à la base de ce qui donne de l’énergie à une société: l’action individuelle, la responsabilité de soi, l’initiative privée? Il semble d’après ce sondage qu’ils sont favorables à un recadrage de la société dans ce sens. L’élection de François Hollande, vue à cette aune, est paradoxale puisque la tendance philosophique actuelle ne va pas dans le sens du socialisme. Le rejet de Nicolas Sarkozy n’explique pas tout: la bascule d’une philosophie vers une autre prend du temps et les mouvements de la société se superposent pendant une période.

Catégories : Politique, société 2 commentaires

Commentaires

  • A hommelibre: l'économie n'a pas été pour moi durant les dernières décennies particulièrement socialiste. La crise des subprimes en est la preuve. Quand la crise est arrivée, des banques ont dû être renflouées avec les subsides de l'Etat.

    Je dirai que c'est plutôt un bon libéralisme que François Hollande veut mettre en place: encourager entrepreneuriat et le développement des PME tout en régulant la fraude bancaire.

  • Excellente action contre Valérie ...

    http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/-Premiere-dame--Non--poule-de-luxe--15235016

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