Nous avons vu que la violence de genre est la racine profonde, essentielle, permanente de l’idéologie. Les termes employés en 2014 ne diffèrent pas de ceux des années 1970. Il est toujours question de supposée suprématie masculine, de privilèges patriarcaux, de domination et d’oppression masculine, de solidarité entre femmes contre l’oppresseur.
Cela va même jusqu’à traiter tous les hommes de violeurs par nature ou essence, ou de proclamer que toute pénétration sexuelle par l’homme est un acte de domination. Il y a certes des degrés dans cette mise en accusation des hommes en tant que groupe et catégorie. Certains mouvements ont un discours plus modéré en apparence, même si au fond le même mythe victimaire est reproduit ad libitum. Ainsi en est-il de la supposée inégalité salariale, bon gimmick pour maintenir la pression, politiquement correct, et pourtant total enfumage.
D’autres parlent de «droits des femmes», comme s’il existait deux types de droits en démocratie: ceux des femmes et ceux des hommes. Sous ce vocable il faut noter que l’idéologie féministe impose une société à deux vitesses, une démocratie différencialiste et communautariste, ce qui est exactement le contraire du principe de base de ladite démocratie. Et ce qui est même une maladie de la démocratie. De ce point de vue le féminisme n’est ni juste ni égalitaire: il est opportuniste et profiteur.
De fait la mise en accusation des hommes est permanente, explicite ou implicite. Outre les textes et attitudes fondatrices déjà mentionnés, il faut citer aussi quelques affirmations anciennes et récentes. Affirmation politique: «Dans la famille, l'homme est le bourgeois ; la femme joue le rôle du prolétariat.» (Karl Marx); sociologique: selon Pierre Bourdieu et son analyse marxiste, la supposée domination masculine opprime les femmes; philosophique: «La révolution féminine doit maintenant compléter la révolution prolétaire» (Auguste Comte); psycho-pathologique: «Les hommes, comme caste dominante, ont littéralement créé un organe sexuel chez les femmes : le vagin» (feministes-radicales.org); émotionnelle: «Tout homme est un violeur en puissance, ... il faut juste quelques circonstances, de minimes variations environnementales, pour que tout bascule. Non, il faut être précis : pour que tout se mette en place» (Peggy Sastre). Et c’est loin d'être exhaustif.
Tirer profit
Cette généralisation sexiste découle d’une sorte de contamination émotionnelle, d’un ton de procureure et d’une posture révolutionnaire esthétisante. Mais pour les leaders féministes cette contamination ne suffit pas: si elles veulent tirer profit du féminisme elles doivent lui donner des assises concrètes. Nombre d’entre elles sont issues d’une bourgeoisie aisée, ou de milieux universitaires de gauche et de groupes de revendication lesbiens. Ce sont en général des femmes dominantes de par leur classe ou leur caractère. On ne voit pas de caissière de supermarché parmi les leaders, et une analyse sociologique montrerait très probablement que le féminisme, bien que se prétendant universel, est une culture de classe. Il faut avoir reçu l’éducation et la formation nécessaires pour écrire un livre de référence dans ce domaine. Les études de genre sont aujourd’hui la chasse gardée d’universitaires solidaires, qui dominent nettement le marché de la pensée.
Ces dominantes ont vu l’intérêt économique représenté par leur mouvement. De nombreuses associations féministes vivent aujourd’hui des subventions des Etats. Il y a donc des plages dorées pour celles qui sont à leur tête. Pourquoi d’ailleurs existe-t-il autant d’associations? Parce qu’il y a une concurrence sévère entre elles pour disposer d’une part du gâteau.
Une tendance sociétale efficace de nos jours est de se présenter en victime. La victime éveille la compassion, et reçoit en retour crédit moral et financier. Pour le grand public la vérification de la victimisation n’est pas importante. L’époque est dominée par l’émotion. Il suffit de s’affirmer victime avec le ton et le regard qu’il faut pour que la télévision vous déroule le tapis rouge. Je n’exclus pas que derrière ce culte de la victime on puisse trouver une sorte de culpabilité de nantis. La société a ses victimes comme autrefois on avait ses pauvres.
Dans cette victimisation outrancière les vraies victimes sont difficiles à discerner. En général elles n’en font pas un mode de vie. Le rôle est loin d’apporter les satisfactions attendues. Une vraie victime sait qu’à un moment elle doit se relever et tenir sur ses propres jambes, pas sur celles des autres. Ancien soutien du féminisme, j’ai ouvert les yeux sur sa réalité suite à une expérience de cet ordre. Victime d’une fausse accusation d’inspiration féministe j’ai pu voir ce qui se joue dans la violence contre les hommes. J’y ai laissé des plumes et je n’ai pu reprendre le cours de ma vie qu’en créant un nouveau projet de vie. J’ai vu qu’être victime a des conséquences dramatiques et je sais qu’il faut en sortir. Dans mon expérience je suis passé du fait divers individuel à une compréhension globale, comme peut-être une femme violée peut ensuite faire sa cause de la dénonciation du viol.
La surenchère des chiffres
J’ai pu en particulier constater que la mise en accusation permanente et par principe des hommes, à part d’être excessive et possiblement pathologique, conduit à des dommages collatéraux, en particuliers judiciaires. On sait que dans certaines provinces du Canada il suffit qu’une femme téléphone à un juge et dise se sentir menacée par son conjoint pour que celui-ci soit arrêté et perde tout droit sur la maison, la voiture, les comptes en banque. Le féminisme a inspiré des lois d’exceptions dignes d’une autre époque.
La victimisation des femmes et la mise en accusation des hommes est donc le fond idéologique. Les chiffres en sont l’aspirateur économique. En effet, pour assurer que le discours victimaire s’enracine et en tirer des bénéfices, il fallait le prouver. Ainsi depuis plus de trente ans des études et statistiques tentent de démontrer que la violence physique contre les femmes serait un phénomène massif (confirmant la stéréotypie de la supposée domination masculine).
Cette violence est soit les coups dans le foyer soit les agressions sexuelles ou le viol. Depuis trente ans les chiffres ne font que s’amplifier. Or aucun, je dis bien aucun, n’a jamais été démontré. Il s’agit le plus souvent d’études ou de sondages dont la méthodologie peut être biaisée, ou dont les résultats hypothétiques sont extrapolés. Pour ce qui est des agressions sexuelles on y inclut des gestes, des sifflements dans la rue, des regards appuyés. Soit des critères inacceptables.
On se souvient peut-être des prétendues 300’000 femmes agressées annuellement au Québec. Le Parquet en avait fait un problème de sécurité publique, imprimant même un document officiel avec ce chiffre. Or le chiffre en question n’était une supposition émise par une féministe, qui a par la suite reconnu qu’elle n’avait aucune source sérieuse à ce sujet! Pendant 15 ans la politique anti-violence du Québec s’est fondée sur ce chiffre et les recommandations policières étaient d’emprisonner un homme sur simple dénonciation, sans enquête si vérification.
Le but des chiffres extrapolés est de faire nombre car les subventions dépendent du nombre. Les autorités sont mises sous stress et contraintes par les lobbys à verser des montants énormes (69 millions d’euros actuellement en France, des centaines de millions de dollars au Canada).
Sans revenir en détail sur ce thème que j'ai déjà documenté, les chiffres ne sont pas démontrés, et les extrapolations sont fantaisistes. Plus grave: des statistiques et des compilations d’études donnent les femmes comme aussi violentes dans le couple que les hommes. Ce qui est évidemment dénié par les associations féministes qui, si c’était reconnu, devraient partager le gâteau.
Le peu d’emprise publique des campagnes contre la violence faite aux femmes montre que, malgré le matraquage publicitaire, cela ne correspond pas à la réalité. Viols et violences sont des phénomènes restreints, marginaux. Non, il n’y a pas autour de nous une femme sur trois qui a été tabassée ou violée, et il n’y a pas un homme sur trois qui soit un tabasseur ou un violeur.
Je ne nie évidemment pas que des hommes sont de vrais criminels et que certains crimes sont plus masculins. Mais pas dans des proportions massives, et l'inverse est aussi vrai. L'on ne peut résoudre un problème de société en le biaisant. Et non, on ne fera pas porter aux hommes la charge d’une problématique (la volonté de domination sur les hommes) dont le noeud est ailleurs.
A suivre.