Attaquer le patriarcat c’est attaquer les hommes. L’évidence est cinglante. Il n’y a à ce jour aucune critique raisonnable du patriarcat qui n’attaque frontalement l’attitude de supposée domination masculine, mettant tous les hommes dans le même sac, et posant les femmes en victimes universelles. La mise en accusation des hommes est indispensable dans le système de penser binaire du féminisme.
J’écrivais hier que la mise en accusation des hommes, massive et systémique, n’a pu proliférer que grâce à quelques armes. La violence conjugale est l’une des principales. Annoncée comme totale, univoque, elle fait rentrer l’argent. Des millions sont pris à l’Etat pour des centres d’hébergement dont l’activité reste obscure, pour des associations qui distillent le sexisme à fortes doses, ou pour des études de genre qui se répètent en boucle sans ne jamais démontrer rien d’autre, explicitement ou implicitement, que le pré-pensé du mouvement: la (supposée) domination masculine.
En réalité cette théorie n’est qu’un instrument de domination des hommes aux mains des dominantes féministes. Poser les hommes en dominateurs totaux permet à ces femmes de prendre une sorte d’ascendant moral au nom du refus de la domination, dans la droite ligne du courant intellectuel qui a produit Mai 68.
Quand sont publiés des chiffres de plus en plus alarmants sur le nombre supposé de femmes battues et sur le nombre de viols, on pourrait croire que le monde est d’une extrême dangerosité pour les femmes et que la violence n’est que d’un côté. Il y a quelques décennies les organisations féministes étasuniennes déclaraient que le plus grand danger pour la vie et la sécurité des femmes était le domicile. Dans le pays, le Violence Against Women Act (VAWA) donne des droits exorbitants aux présumées victimes, bien avant qu’une enquête soit réalisée. Cette loi sert parfois aux immigrées à obtenir la Green Card. La confidentialité de la procédure fait que les plaignantes ne sont pas confrontées à celui qu’elles accusent, qui n’est même pas informé de la plainte. Ces règles de procédure facilitent les fausses accusations.
La section de l’ONU dévolue aux femmes alimente le trend victimaire et affirme: «La violence à l'égard des femmes et des filles est une pandémie mondiale aux proportions alarmantes et qui est profondément ancrée dans l’inégalité entre hommes et femmes et la discrimination de genre. Aucune femme, aucune fille n’est entièrement à l’abri de la violence et de ses risques.» (Sandra Barnes). Voilà comment en une phrase on fait 100% de victimes potentielles. Une pandémie est une épidémie à un échelon mondial. Ici la violence masculine est traitée comme une épidémie. Et les hommes comme des virus? De tels propos misandres sont inacceptables de la part d’une officine de l’ONU, qui devrait présenter des excuses publiques aux hommes.
Le Conseil de l’Europe n’est pas en reste dans la surenchère. En 2009 il déclarait: «La violence domestique est la première cause de mortalité chez les femmes âgées de 19 à 44 ans dans le monde, devant la guerre, le cancer et les accidents de la route». Les hommes seraient donc massivement des assassins, en plus d’être des violeurs. Aucune source crédible n’est cependant mentionnée. Précisons qu’en France environ 63’000 femmes décèdent chaque année du cancer, et environ 1’500 par accident. Pour ce qui est de la guerre, combien d’hommes en meurent dans les pays qu’elle ravage? Pour qu’il y ait plus de femmes tuées dans la violence conjugale, il faudrait un pays en paix, où les gens sont en bonne santé, et sans voiture. A ces conditions il serait possible que le Conseil de l’Europe ne dise pas de conneries. En attendant de trouver un tel pays on ne peut raisonnablement accorder aucun crédit aux autorités politiques, pas plus qu’aux associations féministes qui relaient en boucle les mêmes chiffres.
Le féminin ennemi
Le discours sécuritaire est devenu le fer de lance du féminisme. Il est loin le temps où elles demandaient le droit de vote (droit que les hommes n’ont eux-mêmes eu qu’au XIXe ou XXe siècle). Loin aussi le temps où le combat consistait à mettre fin aux lois napoléoniennes et aux moeurs victoriennes. Ce fut en effet une période noire pour de nombreuses femmes, même si les restrictions n’étaient de loin pas appliquées par l’ensemble de la société.
On aurait pu limiter le féminisme à ce correctif légitime (débuté au XIXe siècle déjà). Mais cela ne suffisait pas à épancher la furie des leaders et leur désir de toute-puissance sur la société. L’homme-épouvantail lui-même ne suffisait pas. La féminité et la maternité sont devenues des ennemies. Le déterminisme biologique, qui fait des femmes des reproductrices, fut et est encore l’obstacle majeur à la libération. Le corps de la femme, sa sexuation, est un malheur, une malédiction. Tout est fait pour s’en affranchir et pour échapper au déterminisme biologique. L’objectif de la théorie gender, selon laquelle on ne naît ni homme ni femme, est d’éradiquer toute particularité sexuée. Le découplement corps-culture se veut absolu.
Ce découplement doit pourtant être considéré au mieux comme une erreur, au pire comme une maladie. Le fait que des personnes transgenres se sentent dans le mauvais corps, trahies par leur corps, montre que la nature commet des erreurs. De là à construire une théorie générale sur la base de quelques erreurs de la nature est déraisonnable. Or les catégories LGBT répandent la théorie du genre, dans un seul but possible: ayant pris la relève du féminisme lesbo-centré, il faut déconstruire l’homme hétéro en premier, car identifié comme oppresseur, mais aussi la femme corporée en tant de modèle du féminin, afin qu’il ne reste plus de trace de la supposée oppression patriarcale dont le déterminisme corporel serait l’épée.
Il est même probable, et j’en pose le postulat, que le féminisme et le lobby LGBT s’attaquent en réalité bien plus à la femme, au féminin, qu’aux hommes. Les hommes servent de paravent, mais derrière ce paravent c’est la femme traditionnelle, supposée soumise et taiseuse, que l’on démembre. C’est la mère que l’on déchire et lacère jusqu’à lui faire perdre son identité. Les féministes haïssent les mères qui ont accepté ce monde, bien plus encore que hommes qui l’auraient fait et l’auraient imposé de force. D’où le soutien marqué des mères féministes à leurs filles plus qu’à leurs fils: elles doivent devenir des guerrières pour rompre l’allégeance, et l’homme doit apprendre à pleurer pour se ramollir. Le combat féministe est donc une double guerre: contre les hommes en tant qu’oppresseurs proclamés, et contre les femmes en tant que reproductrices de la supposée oppression. Dans tous les cas le féminisme ne se construit que sur l’idée d’être opprimées et victimes. Ce qui suppose un mépris certain pour les femmes du passé, considérées comme des faibles ou des collaboratrices de l’oppresseur.
Le vide masculin
Le corps sexué serait l’une des causes de l’oppression. Le gender tend à échapper au déterminisme de sexe. Cela s’exprime dans trois aspects particuliers:
- La maternité, qui donne aux femmes une place spécifique, est considérée comme enfermante et est mise au second plan, après la réalisation personnelle. Les hommes eux, n’ont aucune caractéristique fonctionnelle qui puisse leur donner un rôle social aussi fort. N’enfantant pas et pouvant être remplacés lors de l’insémination, ils n’ont pas une place indiscutable comme la mère. Ils ont à la fois tous les possibles, puisqu’ils sont davantage définis par la culture que par la biologie, et n’en ont aucun à cause même de leur indétermination qui les prive de base indiscutable. Derrière la force masculine, critère historique de base du masculin, s’étend un vide sidéral, source d’une profonde angoisse masculine que la présence d’une mère ou d’une épouse n’éteint pas. La cruelle réalité est que les hommes sont insignifiants. C’est peut-être ce qui les a davantage poussés à vouloir être visibles, à inventer, à produire des oeuvres d’art, à faire la guerre (il est intéressant de noter que la demande de visibilité féministe s'oppose au même sentiment d'insignifiance, hors de la maternité, et la dérive victimaire est remplie de mots qui disent cette insignifiance). Un seul homme suffit à fertiliser des centaines de femmes, on a moins besoin d’eux que des femmes pour la survie du clan. En perdre quelques-uns n’est pas grave. Les hommes ont donc été envoyés à la guerre et aux tâches dures. Quant à la paternité elle est donnée aux hommes par la mère. De lui-même l’homme se construit davantage sur des notions abstraites: le devoir, l’identité, l’honneur, la créativité, la puissance sexuelle.
- Le refus de la biologie reproductrice va jusqu’au refus du corps, refus exprimé déjà par Simone de Beauvoir. Les féministes ont transféré le pouvoir maternel sur les espaces masculins. Le pouvoir maternel ne les intéresse plus. Veulent-elles connaître l’angoisse du vide masculin? Je leur souhaite bien du plaisir.
- La féminité, soit la séduction dansante alliée à une moindre masse musculaire, est suspecte car elle ferait des femmes des prostituées cherchant souteneur. C’est ce que pose un certain discours radical: le mariage est une prostitution légale. Il faudrait donc refuser les marques sexuées de la séduction, et ne laisser aucune initiative aux hommes, qui sont rapidement taxés de harcèlement ou d’agression.
Les opposants à la doctrine de la domination masculine sont évidemment considérés comme «réactionnaires», «machistes» et j’en passe. Ils dérangent le plan unilatéral des dominantes. Ils contestent leur conviction teintée de toute-puissance de détenir la vérité absolue. Comme dans les religions, la toute-puissance tue le débat. Heureusement les dissidents le ravivent.
A suivre.
Image 1: Martyre de Saint Sébastien (Caletti); image 3: Maternité; image 4: Le baiser (Klimt).
Commentaires
Sans me mêler de la question générale qui accapare les disputes sur les sexes (ou les genres), je signale qu'en Australie, une organisation nudiste a de la peine à faire admettre par les tribunaux son droit à limiter la proportion de célibataires masculins fréquentant ses lieux par rapport à celle des couples avec ou sans famille, au nom de l'égalité des droits.
La contrainte égalitaire s'oppose dans ce cas à la liberté de choisir ses membres pour une association. Ça me hérisse...
L'égalité des droits peut devenir une forme de contrainte ou de dictature soft, malheureusement.
Donc, si l'on fonde l'association des hommes au pénis en tire-bouchon, il faudra accueillir autant de membres féminins que masculins...
:-)
De l'art ?