Comment ne pas être sous le charme? Les images récentes de Pluton délivrées par la sonde New Horizon et la Nasa sont fascinantes. La toute dernière en haute définition fait penser à ces vues d’artistes qui illustrent l’espace inconnu.
Cette fois la Nasa n’a pas besoin d’artiste. Pluton est un tableau en elle-même. L’image en HD est magnifique par son détail, ses espaces variés et ses couleurs belles et étranges. Les couleurs sont accentuées, forcées, il faut le préciser. La planète naine est plus cuivrée que rouge. Mais la base y est.
On peut découvrir des vastes plaines gelées découpées avec précision, les montagnes de glace d’eau, et sur d'autres images la légère atmosphère. Les physiciens de la Nasa n’ont pas encore expliqué les mécanismes internes et externes qui font de Pluton une planète active à la géologie si variée. Ils supposent qu’un éventuel océan d’eau liquide gît sous la croûte. Mystère, mystères.
Entre sa beauté exceptionnelle et les mystères encore à découvrir Pluton pourrait devenir un objet culte de l’espace. Un de ces objets qui marquent l’imaginaire. Cette photo en HD a tout ce qu’il faut pour. La beauté de la planète naine pourrait la placer entre l’image de la Terre prise par les astronautes, la comète Hale-Bopp et les célèbres piliers de la création. Je verrais bien des oeuvres littéraires ou musicales inspirées de l’astre lointain, sorte de beauté presque inaccessible. (Images Nasa, cliquer pour agrandir).
Sur la comète Chury rien ne va plus pour le robot Philae. On sait que sa position, renversée sur un côté, ne lui permet pas de se recharger correctement. De plus ses antennes sont dirigées vers le sol de la comète. Si l’on ajoute qu’il est peut-être recouvert de poussière cométaire due aux dégazages de 67P/Churyumov-Gerasimenko, et qu’à cause de ces mêmes jets la sonde Rosetta doit se maintenir à environ 400 km de Chury, il est impossible de recevoir quelque donnée que ce soit.
On ne sait même pas si Philae est actif. Il a été programmé à l’aveugle sans garantie de réussite. Le dernier contact en juillet n’a pas apporté d’informations scientifiques de premier ordre, après avoir détecté et signalé quatre molécules organiques. C’est le seul bémol de cette aventure fantastique. Notons que la sonde Rosetta reste active et qu’elle a photographié des changements spectaculaires à la surface de Chury à mesure qu’elle subit les ardeurs du soleil. (Image 2, Esa, dégazage intense août 2015).
Il reste encore un créneau en novembre-décembre pour entrer en contact avec le robot. La comète se sera éloignée du soleil et les jets de gaz et de blocs de glace seront moins nombreux. Rosetta pourra se rapprocher et tenter un nouveau contact. Nous le saurons à la fin de l’année.
Je signale enfin que le magazine Ciel & Espace a changé de formule. En tant qu’organe de l’association française d’astronomie il est revenu à un look plus classique, moins magazine papier glacé.
Je le regrette un peu. Ses abondantes illustrations donnaient à voir des images extraordinaires du cosmos. Aujourd’hui le format est plus carré, le papier plus mat et le ratio texte/image s’est accentué au profit du premier.
Il reste cependant toujours aussi intéressant, avec ses actus, ses dossiers, les rappel historiques de l’évolution de l’astronomie, et tout ce qui en fait un magazine de référence. Le numéro de septembre propose un article inédit sur les coût d’un éventuel voyage humain vers Mars ainsi que ce qu’il impliquerait dans la pensée humaine. Car la Lune reste proche de la « maison mère ». Mars, c’est vraiment l’inconnu et la perte des repères terrestres. Le numéro d'août explorait Pluton.
Commentaires
"Il reste cependant toujours aussi intéressant, avec ses actus, ses dossiers, les rappel historiques de l’évolution de l’astronomie, et tout ce qui en fait un magazine de référence."
Oui, John, mais avec un rythme de parution bimestriel qui est, dans le domaine de la presse, le plus désagréable de tous ! J'aurais préféré qu'on passe au trimestriel !
C'est avec des échecs ou des semi-échecs qu'on apprend. A l'avenir, il faudra donner plus d'autonomie aux robots. Ils doivent en tout cas savoir se remettre seuls d'applomb.
Merci pour ces super images d'un monde glacé. :)
En effet Michel, j'ai omis de le mentionner.
J'aimais bien le format mensuel, et je pense que ce magazine a fait beaucoup pour populariser l'astronomie. Il change de format mais aussi de fonction, semble-t-il.
Aux autres de se profiler, mais la barre est haute.
Kad, juste, travailler l'autonomie des robots. C'est clairement une des leçons. L'est n'avait peut-être pas pris toute la mesure à la fois des difficultés – la glace de surface semble plus dure que prévu – ni la forte médiatisation qui fait du moindre accroc un (presque) drame. L'atterrissage de Curiosity avec ses rétrofusées était extraordinaire, mais tout ne marche pas encore aussi bien.
Cela dit, la mission Rosetta-Philae est formidable.
Oups... l'ESA. Fichu correcteur... :-)
Peut-être que ce qui leur manque encore, c'est la capacité d'apprendre sur place pour réagir à des conditions inatendues. Ceci dit, des robots qui apprennent tout seuls, ça peut ficher un peu la trouille...
Oui mais quelles seraient les possibilités d'un tel apprentissage?
Sur Chury il faudrait soit remettre Philae d'aplomb, ce qui suppose de meilleurs "yeux" (caméras) et des pattes aux articulations plus mobiles. Soit disposer d'un moyen de déplacement pour sortir de la zone d'ombre. Il faut dès lors imaginer à l'avance des systèmes légers, très adaptables, pour que cela fonctionne. Ou encore disposer d'une trousse à outil pour bricoler un truc, ce qui est quand-même difficile.
Ou inventer un autre moyen de fabriquer de l'énergie et de transmettre.
Le robot qui apprendrait tout seul serait quand-même conditionné par son électronique, sa construction mécanique, ses ressources en matière première et son besoin en énergie. Pourrait-il apprendre quelque chose qui ne soit pas déjà potentiellement anticipé, d'une manière ou d'une autre? Comment et avec quels moyens pourrait-il tirer parti de son environnement de manière non prévue?
D'ailleurs less humains n'ont-ils pas besoin d'une mémoire (génétique et autre) énorme pour disposer de schèmes, de possibilités de programmation? La créativité me semble être dépendante du capital expérimental accumulé d'étape et étape, de génération en génération. En plus la configuration des doigts (possibilité de pincer) a permis de grandes choses, de même que les organes des sens et l'immensité des connexions de l'information par les neurones.
Un robot qui apprend est limité par ce qui lui a été assigné et programmé. Les humains en partie aussi mais avec leur haut degré de complexité et leur relation sensible au monde ils sont capables de tester de très nombreuses configurations.
Oui c'est vrai, même s'il a la capacité d'apprendre de lui-même, un robot serait limité par sa propre morphologie et par l'espace qui l'entourerait. C'est vrai aussi pour l'humain d'ailleurs, dont on considère que sa capacité à s'adapter et à trouver des réponses originales dans des situations inattendues font partie des choses qui le différencient des autres animaux. (en fait pas tout à fait, on s'en rend compte petit à petit, que d'autres espèces parviennent aussi à inventer des solutions) Mais on admet quand même qu'il arrive que, malgré ce gigantesque avantage, il arrive à l'humain d'échouer, soit parce qu'il n'a pas été capable de trouver une réponse adaptée à temps, soit parce que cette solution était malheureusement hors de portée. On ne demandera donc pas à un robot d'être plus vif intellectuellement qu'un humain.
On peut toutefois considérer que si un humain avait été aux commandes dans ce cas-ci, il aurait probablement trouvé la solution. Ce n'est pas sûr mais très probable. On peut en déduire la suprématie de l'esprit humain, (ce qui est vrai) ou encore considérer cela comme un défi à relever. C'était un peu le sens de mon commentaire. Je pense que le défi de l'autonomie, c'est de permettre à des robots automatisés de mieux remplacer l'être humain là où on ne veut pas envoyer d'êtres humains.
Et concernant la morphologie du robot, il faut agir un peu comme l'évolution pour le vivant. A coups de tâtonnement. Ce robot a partiellement échoué parce qu'il lui manquait une batterie de plus grande contenance, parce qu'il lui manquait d'autres capacités. Le robot qui le remplacera devra donc avoir tout cela. Je pense que c'est comme ça que les agences spatiales travaillent de toute façon. C'est un chemin long et semé d'embuches que l'exploration spatiale.