L’épuisement est là. Au bout de ses réserves d’énergie, la sonde Rosetta va se taire dès aujourd’hui. Elle ne pourra plus communiquer avec le petit robot Philae ni avec la Terre. Et s’éteindra sur Tchouri, cette comète en forme de trognon de pomme – ou de canard, selon l’angle de vue.
La sonde se posera donc, aux alentours de midi chez nous, sur la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, dite Tchouri.
« Pour conclure de façon magistrale sa mission, Rosetta, après une descente contrôlée inédite, ira rejoindre Philae et donnera un ultime baiser à sa comète » annonce le CNES dans un communiqué.
Rosetta rejoindra donc lentement sa comète, à environ la moitié de la vitesse de Philae lors de son approche, soit environ 50 centimètres par seconde. Elle prendra en temps réel des clichés à très haute résolution et exécutera des mesures scientifiques totalement inédites, offrant aux scientifiques de nouvelles données que seule une approche finale pouvait garantir. Dès le contact avec la surface de la comète, les communications cesseront, ainsi que les opérations menées par Rosetta. »
Ce que l’on sait aujourd’hui grâce à cette mission: Tchouri contient des molécules organiques – des acides aminés – de l’eau et de l’oxygène. Les éléments de base pour l’apparition d’une forme de vie organisée.
L’eau qu’elle contient n’est pas exactement la même que sur la Terre:
« Nous avons étudié l’eau sur la comète et il s’avère que ce type de comète ne peut pas avoir apporté toute l’eau que nous avons sur Terre, mais seulement une petite contribution. Il y a cependant d’autres comètes, où l’eau semble plus compatible avec la notre. »
Aujourd’hui, à la fin de sa descente finale vers Tchouri, ce sera un big badaboum tout en douceur pour Rosetta. Lors de cette dernière approche la sonde prendra des images en haute résolution de la comète jusqu’au moment du contact. Fascinant!
Grand froid
Le site de l’ESA, l’agence spatiale européenne, recevra les images de la descente et du contact après réception des signaux de la sonde, soit pas avant 12h20 heure de Paris. Rosetta étant à 700 millions de km de la Terre il faut du temps pour se parler.
La sonde terminera sa vie technologique pas très loin de Philae. Une fois sur Tchouri elle sera débranchée. Ne pouvait-on la garder en activité jusqu’au prochain passage de Tchouri, dans environ 6 ans et demie? Impossible pour deux raisons.
D’une part la sonde reçoit de moins en moins de lumière en s’éloignant du soleil. Ses batteries ne seront bientôt plus rechargées. Pendant cette période Rosetta sera hors contrôle, n’ayant plus d’énergie pour faire fonctionner les commandes de vol. La moindre déviation de trajectoire pourrait lui faire perdre contact avec la comète. D’autre part, en astronomie, quand une mission est terminée –ce qui est le cas ici:
« Après, ce sera fini, souligne Sylvain Lodiot (responsable des opérations de vol de la sonde). Des régulations nous imposent d’éteindre une sonde et son émetteur une fois que la mission est terminée afin de libérer sa fréquence, explique-t-il. En outre, Rosetta n’a aucune chance de pouvoir communiquer avec nous une fois au sol car elle n’aura plus les moyens d’orienter son antenne principale ».
Un jour, d’ici quelques siècles ou millénaires, lors d’un prochain passage près du soleil, un puissant jet de gaz cométaire, ou un éclatement en morceaux de la comète, projettera la sonde dans le vide. Elle terminera alors son temps dans le grand froid sidéral.
(Images ESA)