Il y a quelques semaines Serena Williams affirmait que les hommes étaient beaucoup moins sanctionnés que les femmes sur les courts de tennis. Elle se plaignait d’être victime de sexisme.
Eh bien cette dame a tort. On le savait déjà un peu, c’est maintenant confirmé. C’est ce que montre l’image 1 (clic pour agrandir), extraite d’un article du New York Times sur la question.
Le NYT a publié un relevé des sanctions contre des joueurs et des joueuses depuis 1998, lors des tournois du Grand chelem. Les différentes entorses au règlement sont listées avec le nombre de fautes commises pour chaque type d’entorse, selon que l’on est femme ou homme.
Résultat: les hommes accumulent 1517 sanctions, les femmes 535. Les hommes sont sanctionnés environ trois fois plus que les femmes.
Serena a donc accusé abusivement l’arbitre de sexisme. Comme quoi on peut être une très grande championne et parfois dire et faire des sottises. Oh, je ne lui reproche pas de s’être fourvoyée. Je ne suis pas meilleur. Tout le monde fait des erreurs et progresse depuis là.
Et puis, dans le genre « caractériel », McEnroe n’était pas mal non plus. Mais je ne me souviens pas qu’il se soit plaint d’une injustice ou d’une sanction « parce qu’il était homme ». Il n’avait pas vocation à être victime ni à utiliser cet argument.
L’air du temps
D’ailleurs, imagine-t-on Rafael Nadal ou Roger Federer se plaindre à l’arbitre et l’accuser de sexisme parce que les joueurs masculins sont trois fois plus sanctionnés que leurs homologues féminines?
On éclaterait de rire.
Je n’ai pas entendu de rires pour la saillie très virile, même machiste (dans le sens péjoratif utilisé par ses soeurs en idéologie) de Serena. Avec elle on n’ose pas rire, ni rien lui dire, m’aventuré-je à suggérer. Parce qu’elle est noire? Parce qu’elle est femme? Parce qu’elle est trop riche pour en rire? Parce qu’elle est une kador de la classe médiatique dominante?
À noter que les joueuses des hautes marches du tennis féminin sont divisées. Caroline Wozniacki (image 3), qui doit passer autant de temps devant les photographes de mode que sur les courts, pense que son amie Serena a marqué un point.
Simona Halep affirme pour sa part: « Les règles sont les règles. Je ne vois pas de différence entre les règles appliquées aux hommes et celles appliquées aux femmes, et je pense que les arbitres de chaise font juste leur boulot. »
Tout cela est anecdotique et n’aurait pas valu une ligne dans la presse si c’était la 850e joueuse mondiale qui avait fait un esclandre. Mais en même temps c’est révélateur de l’air du temps. D’où l’utilité de vérifier.
Commentaires
Serena s'est plainte d'avoir reçu un avertissement pour coaching, allant jusqu'à accuser l'arbitre de sexisme. Sur ce point précis, les statistiques que vous publiez ne lui donnent pas tort : 152 avertissements pour coaching contre des femmes, 87 contre des hommes.
Ah oui, le petit coup d’œil de son entraîneur. C'est vrai que, d'après le tableau, les femmes ont plutôt tendance à se faire coacher pendant la rencontre, ce qui, semble-t-il, n'est pas conforme au règlement. Que faut-il en penser ? Qu'elles en ont pris l'habitude, mais pourquoi ?