Mais qu’ils votent donc pour le Rassemblement national !
Titre provocateur pour illustrer quelques remarques sur la vie politique en Hexagone. Douce France, qui cultive avec régularité les haines intestines et les confrontations partisanes irréductibles. Les français sont facilement excités par la radicalité.
Je résume.
- Les français veulent la retraite à 62 ans, voire à 60. Pourtant ils ont voté en 2017 pour un candidat qui avait déjà créé plusieurs grandes crispations politiques.
- Les deux tiers d’entre eux environ demandent soit un référendum sur l’immigration, soient refusent que celle-ci serve de repeuplement du pays.
- Ils soutiennent la préférence nationale dans divers domaine, à l’instar du communiste Georges Marchais demandait de limiter l’immigration pour protéger les français. Oui, la gauche aussi sait tenir ce discours. Les publicitaires aussi, qui mettent du Made in France à toutes les sauces.
Aujourd’hui une ample vague de mécontentement secoue le pays. La rue veut défaire ce qu’elle a fait il y a un an. Elle avait voté Macron en majorité, Macron dont on connaissait le programme, les options politiques et le mode de gouvernance.
Ils voulaient Macron, ils l’ont. Seul problème: ils ont voté pour le contraire de leurs attentes. Macron allonge le temps nécessaire pour accéder à la retraite, il continue à ne rien changer sur la politique migratoire française, et n’est pas connu pour soutenir la production et l’identité nationales mais plutôt pour promouvoir une supranationalité dans une Europe qui ne trouve pas son équilibre sur ces questions.
Les français auraient pu voter Jean-Luc Mélenchon, partisan de l’hystérie politique et de l’insurrection permanente comme un vieux Mao. Mais avec lui les portes de l’immigration seraient encore plus largement ouvertes.
En fait il y avait un candidat qui représentait mieux les aspirations des français. C’est une candidate: Marine le Pen.
Nicolas Dupont-Aignan aussi, mais il est à la traîne. Éric Zemmour aussi, qui a utilisé la campagne pour marteler des thèmes polémiques et recentrer les sujets en France en les tirant vers la droite contre l’immigrationnisme ambiant. Mais si j’aimais bien le chroniqueur Zemmour, sur le féminisme en particulier, je trouve l’ex-candidat à la présidentielle de moins en moins intéressant.
Marine Le Pen remplissait les cases majeures. Ils n’avaient qu’à voter pour elle. Ils n’en ont pas voulu.
– Oui mais non, que dites-vous là? C’est l’extrême-droite, le fascisme, la bête immonde, la mémoire nauséabonde, c’est mal, très mal, vous finirez en enfer, non, non, non!
Je ne considère pas le RN comme un parti d’extrême-droite, encore moins comme idéologiquement fasciste ou raciste. Les mots ont un sens, ils ne s’appliquent pas ici. Ils ne servent en l’occurrence qu’à discréditer un adversaire et à éviter ou fuir tout débat d’idées.
Or je peux approuver une régulation plus stricte de l’immigration sans être xénophobe, je peux défendre une identité régionale ou une agriculture locale sans être fermé au monde, je peux privilégier la différence (la nôtre) sans m’excuser de n’être pas plus fusionnel ou inclusif, je peux être de droite et avoir une âme.
La vraie dangerosité politique aujourd’hui, c’est une certaine gauche qui contribue à faire de la politique un espace de violence, de totalitarisme idéologique, de haine et d’exclusion. Comme il y a un siècle, la bête est toujours vivante sous le drapeau rouge.
La gauche est moralement discréditée par ses propres excès, lâchetés et contradictions. En face, la droite a peur d’être la droite et d’assumer des positions claires et bien lisibles.
Macron en a profité. Il usé régulièrement de la rhétorique anti-extrême-droite pour alimenter la confusion politique et tirer les marrons du feu. Il a gagné mais les français sont marrons, justement, et s’en plaignent.
Ils n’avaient qu’à voter pour le Rassemblement National. Ce ne serait pas pire que les autres. Je ne suis pas enthousiasmé par MLP, et le RN ne me fait pas rêver. Mais c’est le programme qu’ils attendent comme cela ressort des sondages d’opinions.
Et puis, je me méfie de la tentation de voter pour un rêve. La politique n’est pas de l’ordre du rêve. Les rêves y finissent un peu trop souvent dans une débauche sanguinaire.
Commentaires
Notre ami met le doigt sur ce qui fait mal. Mal à ceux qui, par habitude et sans réfléchir, sans avoir compris qu'on les manipulait, ont fait barrage à la "bête immonde". Et ils ont voté contre leur intérêt ces naïfs, persuadés qu'ils empêchaient le diable de prendre le pouvoir. Ce n'est pourtant pas compliqué de choisir son candidat. Il suffit de lire son programme. Certes, on peut toujours être sceptique quant à l'honnêteté des élus, à leur volonté de mettre en application leur feuille de route. Mais on n'a pas le choix, il faut leur faire confiance.
Hélas ! On croit voter pour éviter le pire et l'on se retrouve dans la rue pour protester contre une mesure que l'on a soutenue. Je ne suis pas certain qu'ils feront tous la même erreur la prochaine fois.