Connemara, chanson de droite ? Fin de la polémique.
On se souvient de la sortie de la chanteuse Juliette Armanet contre la chanson-hymne de Michel Sardou. « Une chanson immonde, c’est de droite, sectaire », etc. J’avais relaté ici cet « incident culturel » entre un 40 tonnes de la variété et une trottinette de la chanson.
Si l’on peut catégoriser politiquement les chansons et les déclarer immondes, que dire alors de Jean Ferrat. On n’a pas entendu la chanteuse parler de son nationalisme au sujet de Ma France, ni du côté conservateur, terroir et même ringard que l’on peut trouver dans La Montagne. Un texte sur la beauté du passé pour fustiger le progressisme.
Il ne se prive pas de célébrer la France vieillote des Petits bistrots, et de fustiger les jeunes générations (Jeunes imbéciles, ou Pauvres petits cons) dans un élan typiquement réac. Et de chanter son manifeste dans Pauvre Boris, une chanson mal connue qui vaut le détour.
C’est une manière inattendue d’entendre Ferrat, mais pourquoi pas? Une rubrique de France info de 2016 le disait déjà, (court article et audio de 3’ sur la page).
Juliette Armanet a reçu une volée de bois vert suite à sa saillie anti-Connemara. Par exemple:
« Jacques Revaux, 83 ans, compositeur des «Lacs du Connemara», souligne que Juliette Armanet «ferait mieux de chanter plutôt que de prononcer des paroles définitivement infectes». »
On aime ou non une chanson, quelle que soit l’orientation politique, religieuse, sexuelle de la personne qui chante. Qui est sectaire? Celle qui discrimine par la politique.
De Sardou, on n’en tendait rien. Il vient de rompre le silence. Ce lundi 28 août il a mis fin à la polémique sur Europe 1 en réponse à Pascal Praud.
« Je ne connais pas cette jeune femme. Elle a dit une connerie, ça arrive à tout le monde. »
Il est sympa sur ce coup. Et surprise, il ajoute:
« Elle m’a envoyé un mail très gentil où elle s’excuse. Moi, je lui ai répondu par un mail très gentil où je n’ai pas de raison de lui en vouloir. »
C’est cool de part et d’autre, mais elle aurait peut-être pu faire des excuses en public puisque l’offense était elle aussi publique. Mais Sardou n’en a probablement pas besoin. Il n’y a qu’à entendre son concert d’adieu, chanson finale: Les lacs du Connemara, bien sûr. La fin tourne en boucle dès 4’10’’, et c’est un moment de grâce dans la salle. Cette reconnaissance du public le comble.
Perso je trouve très beau, même si philosophiquement je préfère renoncer à une quête de reconnaissance qui nourrit notre narcissime sans régler nos défauts.
Allez, j’ajoute cette version du Connemara en fin de note.
Pauvre Boris:
Sardou, les adieux:
Commentaires
Très émouvant cet adieu sur l'air du "Connemara". Inutile de commenter la réaction de la foule qui assiste à ce concert et le poids du chanteur qui reçoit cet hommage. A côté de cela, la sortie de Juliette Armanet est un fiel insignifiant. Il faut avoir un esprit tordu mêler la politique à ce petit bijou.
Vous visez une fois de plus l'excellence en passant par-dessus une polémique qui n'aurait jamais dû exister !
Michel Sardou a toujours su trouver les mots justes pour exprimer dans ses textes ses convictions sans froisser personne.