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Un clou chasse l’autre

La presse rappelle depuis quelques jours l’horreur du génocide au Rwanda. Vingt ans déjà. Un événement majeur à cause de la systématique des tueries, et du peu de réactions de la «communauté internationale». Pourtant, trois jours après le début des massacres, un humanitaire parlait déjà de génocide dans le quotidien Libération.

bonheur,souffrance,mémoire,mur,berlin,oksana,rwanda,crimée,ukraine,halimi,Dans mon précédent billet je soulignais que les médias occidentaux sont déjà presque silencieux sur le putsch en Ukraine et le rattachement de la Crimée à la Russie. Combien d’événements pour lesquels nous nous sommes enflammés disparaissent ainsi de nos écrans personnels ou des écrans collectifs?

La masse d’informations que nous recevons quotidiennement est telle que nous ne pouvons tout garder. Pourtant nous nous passionnons sur le moment. Et le moment suivant, autre chose accroche notre attention et sollicite notre réflexion ou nos émotions.

Un grand volume d’informations ne contribue-t-il pas à faire de nous des consommateurs, mangeant à pleine dents les bonheurs et les drames, et les rejetant aux toilettes du temps quand leur goût perd son intensité? Qui se souvient de Ilan Halimi, séquestré et torturé à mort en janvier 2006? L’affaire avait fait grand bruit et suscité des tsunamis d’indignation. De même pour la fausse agression du RER B. En 2004, quand le président Chirac lui-même était monté en première ligne. Qu’en reste-t-il? Et quel est notre niveau d'indignation devant la guerre dans l'est de la RDC, qui à ce jour aurait déjà fait six millions de morts?

Notre volume mémoriel et émotionnel semble limité. Nous ne pouvons pleurer 24 heures sur 24 l'état du monde. Il faut des intermèdes pour nous régénérer émotionnellement. Des choses sans importance, simplement amusantes ou bonnes à vivre. Nous ne pouvons pasbonheur,souffrance,mémoire,mur,berlin,oksana,rwanda,crimée,ukraine,halimi, tout garder ni rester sans fin sur une même émotion. Alors, un clou chasse l’autre. Cela vaut aussi pour moi. Il y a deux ans je parlais d’Oksana, jeune Ukrainienne violée et battue à mort. J’y pense depuis quelques jours. Peut-être à cause de l’Ukraine? Ou parce qu’inconsciemment je me suis rappelé qu’elle est morte un 29 mars? Et faut-il rappeler ce drame? Rappeler cette souffrance, qui ne réactive qu’une indignation sans suite tant elle se heurte à notre impuissance à éviter les drames ou à changer les choses?

Quels événements gardons-nous durablement, des événements qui reviennent sans que la presse ait besoin de nous les rappeler? La chute du mur de Berlin. Je me rappelle où j’étais: au volant de ma voiture derrière le Salève. Je rentrais de ma journée de travail. La radio annonçait l’événement. Il n’y avait plus d’autre programme que les reportages en direct. J’ai crié de joie au volant. Presque un siècle d’Histoire tombait avec le mur, et c’était un symbole immense: le symbole d’un monde ouvert, moins menaçant. Depuis d’autres murs se sont érigés, en Israël, en Grèce, montrant que le sens de l’Histoire n’est pas univoque.

Qu’apprenons-nous de tous ces événements qui nous laissent sans mémoire, ou avec seulement des bribes qui ressortent parfois du bric-à-brac de nos stocks mentaux? Personnellement j’en apprends que l’indignation n’est pas un moteur de longue durée, et qu’il faudrait parfois économiser nos émotions. Du moins en ce qui concerne les émotions liées à des événements dramatiques. C’est toutefois difficile de ne pas être touché par certains événements.

Pour les bonheurs, c’est différent: même si nous ne nous souvenons pas de tous, ils tapissent notre vie de lumière. Et cela, rien que cela, est important, en ce qui concerne le bonheur.

 

 

Catégories : Philosophie, Psychologie 1 commentaire

Commentaires

  • "La presse rappelle depuis quelques jours l’horreur du génocide au Rwanda. Vingt ans déjà. Un événement majeur à cause de la systématique des tueries, et du peu de réactions de la «communauté internationale»."

    ces pays ne sont plus sous la coupe de colonisateurs

    "François Hollande, petit soldat colonialiste?

    Le colonialisme ancien a mué. Il prend aujourd’hui les apparence de la défense des pays anciennement occupés. L’Afrique et le Moyen-Orient en sont des exemples. On peut évidemment comprendre la barrière mise devant la progression de l’islamisme en Afrique. Le monde n’est pas aussi ouvert que les occidentaux voudraient se le faire croire. Il y a bien une lutte permanente de conquête de territoires et d’expansion, soit militaire dans le cas de l’islamisme, soit économique pour la Chine qui achète de très nombreuses terres sur le continent.
    François Hollande endosse sans sourciller le rôle de l’ancien colonisateur jamais totalement repenti. J’emploie à dessein le terme de repentir puisque c’est ce que l’on exige de l’Europe: la culpabilité assortie d’un repentir qui, au-delà des mots, se paie en bon argent. François Hollande voudrait être dépositaire d’un universalisme humanitaire. Il se pourrait qu’il ne soit qu’un soldat n’ayant pas digéré la perte des colonies."

    ces ethnies retrouvent leurs bonnes vielles coutumes.

    extrait d'un livre de jean d'orgeix.

    "Mon boy traducteur me dit, très digne: « Patron, je ne
    peux pas demander cela au chef ››
    Oh il n'en a pas eu besoin!
    Car Bandassa oubliant alors qu'il était censé ne pas
    comprendre le français, poussa un gloussement de joie et
    commença à me raconter comment cela se passait dans
    le bon temps de sa jeunesse avant que les Français ne
    viennent interdire les joyeuses habitudes d'antan.
    Bien sûr, il ne fallait pas laisser perdre de la bonne
    viande et le soir de la bataille, il y avait festin. Avec la
    chaleur africaine, la viande tourne vite. Pour cela on fait
    immédiatement fumer la viande des animaux de chasse;
    pour avoir le plaisir de la « viande fraîche ››, il faut donc la
    conserver sur pieds. Aussi Bandassa me raconta, et c'est ce
    souvenir qui le mettait le plus en joie, qu'ils emmenaient
    avec eux les prisonniers et que chaque soir, au campement,
    un ou deux d”entre eux étaient liés à un arbre autour du-
    quel venaient s'asseoir tous les guerriers. Là, le « palabre ››
    commençait pour décider qui aurait le bras... le foie...
    le cœur. .. les côtes etc., etc. Ainsi le malheureux attaché
    à son arbre avait le plaisir douteux de savoir dans quels
    estomacs finirait chaque partie de son individu.
    Bien sûr, ce n'est pas bien. Seulement aujourd'hui, on
    fait gaiement sauter de gentilles petites bombes qui tuent
    vingt... cinquante... cent personnes... plus des mutilés ! Et
    des centaines de millions d'individus approuvent ouvertement ou applaudissent au fond d'eux-mêmes. Alors?
    Car si les mœurs ont changé... si les progrès scientifiques ont transformé les conditions de vie humaine... les
    hommes, eux, ont-ils beaucoup changé?
    Alors, en dépit de ses goûts culinaires, "j'aimais bien
    mon chef Bandassa.

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