On se souvient peut-être du jugement rendu en première instance à Tours: un sexagénaire avait obtenu l’autorisation de mentionner neutre sous la rubrique sexe. La décision vient d’être cassée en appel.
Bref rappel: « Née, selon son médecin, avec un « vagin rudimentaire », un « micropénis », mais pas de testicules, cette personne souffre d’avoir été mise dans la case masculine dès sa naissance, précise 20 Minutes. »
L’hermaphrodisme est-il l’ébauche d’un nouveau genre sexué, ou une forme incomplète et non reproductive de développement? La seconde hypothèse est vérifiable, pas la première. C’est donc la seconde qu’il faut garder.
La définition de catégories, dans la nature en général et chez les êtres humains en particulier, doit faire l’objet d’études scientifiques sérieuses, reproductibles, répétées. Une conclusion ne saurait en la matière émaner que d’un corps scientifique mondialement reconnu. Par exemple, pour reclasser Pluton en planète naine, des dizaines de milliers d’astronomes se sont consultés dans le monde entier et ont abouti à une décision approuvée par leur instance la plus haute. Pour classer un genre, objet anthropologique ô combien plus fondamental que la classification d’une planète, il suffirait d’un obscur petit juge dans sa campagne? Ce n’est pas sérieux.
La décision des juges en appel précise
« ... admettre la requête de Monsieur X reviendrait à reconnaître, sous couvert d’une simple rectification d’état civil, l’existence d'une autre catégorie sexuelle. » Un tribunal n’est pas une instance scientifique. Il ne peut donc décider de l’existence ou non de catégories sexuelles sur la validation desquelles il est incompétent.
Toutefois ce jugement d’appel expose la doctrine du moment:
« … un juste équilibre entre la protection de l’état des personnes, qui est d’ordre public, et le respect de la vie privée des personnes présentant une variation du développement sexuel. Ce juste équilibre conduit à permettre (à ces personnes) d’obtenir, soit que l’état civil ne mentionne aucune catégorie sexuelle, soit que soit modifié le sexe qui leur est assigné, dès lors qu’il n'est pas en correspondance avec leur apparence physique et leur comportement social. »
Ainsi dans certains cas la justice civile s’autorise à accepter l’inscription d’une catégorie sexuelle nouvelle et inexistante, ou à ne mentionner aucun genre, comme si la personne ne venait de nulle part. Seuls l’apparence visible et le comportement social définiraient une catégorie biologique. La définition et l’appartenance sexuelle et de genre ne serait dès lors qu’une formalité aléatoire variant au gré des juridictions et de l’opinion. L’être humain est de plus en plus réduit à un simple objet social dans une sorte de reductio ad nihilum.
Cette doctrine est délirante. Elle forme des apatrides du genre. La représentation sociale d’une catégorie prend le dessus sur la biologie, qui a pourtant formé et qui maintient les catégories de base. L’invocation du respect de la vie privée ne doit pas permettre de créer des catégories tous azimuts.
Il n’y a pas de sexe neutre. Il y a deux sexes et parfois des anomalies ou des incomplétudes dans le développement. Ne sommes-nous pas tous incomplets: soit homme, soit femme, jamais les deux? L’hermaphrodisme est faussement nommé intersexuation pour signifier que la personne est entre deux sexe. C’est comme dire malentendant pour sourd: la peur des mots a encore frappé. L’hermaphrodisme est la conséquence d’une différenciation qui n’a pas abouti. Ce n’est pas un état intermédiaire normatif. Or seul un état normatif (donc propre à la reproduction) et numériquement important peut être envisagé comme une catégorie. Sans quoi un veau à deux têtes deviendrait aussi une nouvelle catégorie.
En France on compte environ 500 cas d’hermaphrodisme vrai, soit 0,000007% de la population. La personne est dotée des chromosomes XX et XY. On constate la présence simultanée de structures anatomiques masculines et féminines.
Avec une si faible représentation en proportion de la population, il semble exclus de pouvoir un jour documenter un nouveau genre sexué. Mais sous l’influence de groupes politisés certaines personnes réclament une reconnaissance spécifique et la création d’un statut juridique par la définition d’une nouvelle catégorie sexuelle.
Ces revendications d’inscrivent dans un double mouvement. D’une part il s’agit de soutenir les minorités contre les majorités, afin de leur faire une place dans la société sans qu’elles soient ostracisées.
D’autre part on vise à la déconstruction des statuts habituels de genre parce que, dans les milieux concernés (LGBT en particulier), l’hétérosexualité, symbolisée par l’homme blanc hétérosexuel, est une oppression qu’il faut combattre. Les politicards LGBT relaient ainsi le discours crypto-marxiste de l’oppresseur et de l’opprimé et la thèse féministe d’une supposée domination masculine devant être éradiquée par la déconstruction du masculin et de l’hétéronormalité.
En réalité ces groupes de pression fonctionnent comme des prédateurs. Ils se servent des personnes incomplètes ou non définies sexuellement pour faire passer leur idéologie dans des lois. Les personnes hermaphrodites sont non seulement victimes d’un développement somatique incomplet, mais en plus elles sont la proie de prédateurs politiques. La double peine.
Rappel du jugement en première instance ici.