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Arrêt sur image : #SheToo ou le sexisme invisible dans le foot

Arrêt sur image : #SheToo ou le sexisme invisible dans le foot.

Invisible et pourtant sous nos yeux. Invisible parce que trop admis comme naturel. Habillé de bonnes intentions il n’en prolonge pas moins un stéréotype aussi désagréable qu’injuste.

 

violence,sport,stades,sexisme,misandrieLes faits

Je reprends ici quelques éléments du dossier du G-E-S, groupe d’étude sur les sexismes (tous les sexismes). La photo de la banderole vient du site dédié (clic pour agrandir).

Le texte qui y figure est simple:

PAPA

N’oublie pas…

 

Je ne suis qu’un enfant

Ce n’est qu’un sport

Je suis là pour m’amuser

C’est nos amis

C’est « mon » match

L’arbitre est un être humain

Ce n’est pas la coupe du monde

 

Je t’aime PAPA

 

Pourtant maman te l’avait déjà dit

 

On comprend:

  • que c’est un enfant qui parle
  • qu’il s’adresse à son père
  • qu’il refuse les supposées pressions de son père: être compétitif, d’abord gagner, vaincre les autres

Un discours attribué au seul père, et un discours forcément mauvais.

Après lui avoir fait sa liste de reproches comme un gifle, l’enfant rassure ou se rassure avec un Je t’aime PAPA souligné, où PAPA reste en majuscule au cas où l’on n’aurait pas compris.

Et au cas où c’est le PAPA qui n’aurait pas compris, l’affiche ajoute: « Pourtant maman te l’avait déjà dit » Pourtant et déjà, deux petits mots pour enfoncer le clou à ce père impulsif et agressif, un idiot qui n’écoute rien ni personne malgré la sagesse de maman (qui, tiens, est écrit en minuscule). PAPA est décidément un nul.

 

violence,sport,stades,sexisme,misandrieLe motif

Cette banderole verticale a été apposée à l’entrée d’un terrain de football de la petite bourgade de Feurs dans la Loire et reproduite sur les rézos comme publicité pour le club.

J’extrais du dossier du G-E-S quelques explications:

« L’association sportive US Feurs a mis en oeuvre un faisceau d’actions (affichage à l’entrée des stades, communication sur les réseaux sociaux) afin de se faire connaître et d’en tirer un bénéfice immatériel : lutter contre les incivilités des spectateurs lors des rencontres sportives. »

Le texte énumère en creux, sous la forme d’une série de demandes/reproches faits à un père, les valeurs du club.

« Le fait qu’elles soient rappelées suppose qu’elles ne sont pas respectées par certains spectateurs. »

La violence règne autour des stades même chez les jeunes amateurs. Et l’auteur, ou l’auteuse de ce texte, présuppose que les incivilités sont dues aux seuls pères et à leur attitude pressante et machiste.

Il y a une facilité évidente à tomber dans le stéréotype ou le préjugé sexiste misandre. Cela ne semble même pas poser question. Sauf au G-E-S qui a saisi le JDP, Jury de Déontologie Publicitaire.

S’en est suivi un échange où le groupe a été amené à préciser sa position et son analyse, et l’avis des responsables de l’affichage de l’US Feurs a été sollicité.

Le JDP a rendu ses conclusions, visibles ici, en date du 13 mars dernier. Il donne raison au G-E-S en concluant ainsi sa longue analyse du texte de l’US Feurs:

« Le Jury estime que, sur le fond, un tel message contribue très opportunément à la sensibilisation du public à la question majeure des violences et incivilités dans le monde du football amateur des jeunes et de la pression psychologique des adultes sur les enfants dans ce contexte, laquelle peut avoir des conséquences particulièrement néfastes sur leur épanouissement et leur bien-être psychologique.

Pour autant, et comme l’admet du reste le club annonceur, le Jury estime que ce texte repose sur une vision sexiste de cette problématique, en imputant à l’homme, et à lui seul, les comportements répréhensibles dénoncés, par contraste avec sa compagne qui, elle, adopterait une attitude raisonnable et contribuerait même à y sensibiliser le premier. Or, s’il est vraisemblable que les écarts de comportement qu’on peut déplorer dans les stades sont majoritairement imputables aux pères, ces derniers n’en ont pas le monopole. »

L’US Feurs s’est depuis engagée à modifier le texte figurant sur cette bâche.

 

violence,sport,stades,sexisme,misandrie#SheToo

Certaines mères peuvent être féroces quand il s’agit de soutenir leur progéniture. Elles aussi peuvent être violentes au bord du terrain, ou harceler un enfant pas assez performant à leur yeux.

Pourquoi n’en parle-t-on pas davantage? Pourquoi tomber dans ce manichéisme sexiste? Nous sommes à l’ère de l’égalité, et sur ce genre de questions, en particulier sur la violence commise, il n’y a plus aucune raison de protéger les femmes plus que les hommes.

Je veux bien croire que les hommes sont plus enclins à ce genre de gestes, mais sans faire de recherche exhaustive je signale par exemple le cas d’une spectatrice ayant cassé une bouteille de bière sur la tête d’un arbitre en février 2019. L’arbitre a reçu cinq points de suture et 3 jours d’ITT. L’agresseuse a été condamnée à trois mois de prison avec sursis, 150 € de dommages et 400 €  de frais de justice.

En avril 2022, un arbitre est agressé dans la Somme:

« La dame a vu que j’avais mis un carton rouge à son fils et m’a ensuite giflé une fois, lors de ma direction aux vestiaires. (…) La chose qui me choque, c’est que la personne qui m’a frappé en premier c’est un parent, une mère d’enfant. »

Ou encore:

« Un arbitre appelle la police après avoir été agressé… par une grand-mère. »

Vigoureuse certes, mais aussi agressive la mamie:

« Au moment où je quittais le terrain, elle s’est levée pour me barrer la route. Elle a saisi mon bras, elle m’a pincé et elle a essayé de me donner des gifles. Puis elle m’a frappé deux fois dans le bras et une fois dans la poitrine. (…) Laquelle grand-mère avait, selon des témoins, éructé de nombreuses insultes en tribunes avant de passer à l’acte. »

Cerise sur le gâteau, une femme tente d’escalader une barrière pour frapper l’arbitre (lien ici pour une courte vidéo, et image 2). Non, les hommes n’ont pas le monopole des incivilités au bord des terrains de sport. Plusieurs commentaires de femmes allant dans ce sens sont groupés ici.

Il semble que le FC Montélimar l’ait déjà compris (image 3). Ou que ses responsables soient moins contaminés par la misandrie.

Le foot amateur serait de plus en plus touché par la violence, malheureusement. Sud-Ouest en fait ici un résumé.

Et bravo au G-E-S pour son action contre la misandrie.

 

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Catégories : société, sport 1 commentaire

Commentaires

  • Le fait qu'il faille intervenir auprès d'une association pour rectifier une affiche misandre en dit long sur l'androphobie de nos sociétés occidentales. Certes le contenu sexiste a été supprimé et les responsables ont reconnu leur erreur. Mais, imaginons un instant qu'une telle affiche soit proposée en inversant "papa" et "maman" dans le texte. D'abord, elle n'aurait jamais vu le jour et l'auteur aurait été traîné dans la boue. C'est bien le signe que le néo-féminisme misandre a gagné en imposant son idéologie : la violence n'a qu'une seule origine, la masculinité toxique.

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