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Le mariage gay et la lutte des catégories

«S’il te plaît, dessine-moi un mouton!» Le Petit Prince savait que le mouton n’est pas un renard, ni une rose. Et nous comment savons-nous ce qu’est un mouton? En observant ses spécificités et en les classant dans une catégorie.

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La pensée humaine catégorise: c’est ainsi qu’elle identifie le monde et transmet ses connaissances. Chaque catégorie reçoit un identifiant, un nom. Chaque catégorie est ensuite composée de sous-catégories distinctes entre elles par des signes moins marquants.

L’extrême catégorisation est la fin des catégories: c’est l’individu unique. Ainsi de la catégorie des humains: si l’espèce humaine est une et si tous les humains partagent une très grande identité génétique, il subsiste cependant quelques différences. Au final on ne trouve pas deux individus totalement identiques du point de vue génétique. Chacun est unique.

Mais on n’est pas une catégorie à soi tout seul! L’intérêt de la catégorisation est de reconnaître des ensembles dont les aspects communs sont dynamiques et font progresser ou maintiennent sa représentation numérique. En ce sens une catégorie dans le règne du vivant se comporte comme une espèce: son objectif est de survivre et de croître. Cette croissance peut être pacifique ou guerrière. Dans tous les cas il y a lutte d’influence et chaque catégorie tend à préserver des territoires spécifiques, ou à les reconstituer là où il n’y en a pas.

Les catégories culturelles sont nombreuses: religion, coutume, langue, musique, origine géographique, en sont parmi les signes majeurs. Si l’on considère qu’une catégorie tend, comme une espèce, à se maintenir et à croître, les éléments qui la composent vont se multiplier. Ils se multiplient en préservant leurs différences. Par exemple, les adeptes d’une religion qui migrent dans un pays nouveau vont construire des édifices de réunion et de prière propre à leur religion initiale. Il n’y a pas automatiquement d’assimilation à la religion du nouveau pays, mais préservation de la différence. C’est cette différence qui, rappelons-le, confère une identité de catégorie.


La lutte des minorités
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Le mélange des catégories tend à faire assimiler certaines d’entre elles, minoritaires, à la catégorie la plus représentée, ou au contraire à stimuler la revendication de sa différence. On voit par exemple l’islam radical revendiquer l’application de la justice de la charia dans des pays occidentaux, pays disposant pourtant déjà d’un corps législatif complet. Il s’agit ici de la lutte de deux catégories, l’une souhaitant renforcer son identité minoritaire, l’autre imposant une règle collective sur son territoire aux fins d’égalité de traitement des populations. On est ici dans une lutte inégale, où la tendance minoritaire se présente en victime forcément opprimée, justifiant par cela même sa requête d’un traitement de faveur, sur un mode ferme voire agressif. C’est l’utilisation culturelle et stratégique de la guerre asymétrique, au moyen du culte de la minorité et de la victime.

La victimisation est une stratégie virale qui se reproduit rapidement et contamine tous les esprits, ce qui peut donner à si peu de personnes une telle influence médiatique.

Dans le même temps la majorité est traversée de sentiments mélangés, dont une culpabilité aux causes multiples, qui, dans la représentation symbolique multimillénaire, désigne le majoritaire comme un dominant, et le dominant comme un oppresseur. On voit ainsi une minorité qui veut croître, être en guerre contre une majorité sur la défensive et prête parfois à brader la légitimité de son autorité sur un territoire comme si elle payait une dette envers cette minorité. La culpabilité est le mal qui affaiblit l’immunité psychologique d’une communauté.

Le cas du mariage homosexuel tient de la même logique. La victimisation, réelle à l’origine et parfois encore, justifie ici un discours de revendication agressif n’acceptant pas la controverse. L’homosexualité est une catégorie spécifique. Sa sous-culture, ses célébrations dans des lieux ou manifestations qui lui sont propres, ses champs de désir, et le fait de la non reproductibilité en dessinent les contours. Le désir homosexuel exclusif est le marqueur principal de cette catégorie.

On doit faire ici une remarque: le plaisir des corps n’est pas exclusivement lié à une détermination sexuelle donnée. Le corps et la sensation ne sont pas aussi sexués qu’on le pense. Un bébé réagit avec plaisir aux bisous de la mère comme du père. Ce n’est que plus tard qu’il différencie et privilégie les plaisirs avec l’autre sexe ou avec le même sexe. Nous pourrions fondamentalement être bisexuels et prendre du plaisir indifféremment avec des femmes et des hommes. Cela ne ferait pas de nous des homosexuels puisqu’il n’y aurait pas d’exclusive sur le même sexe. Mais la société n’a pas intérêt à laisser trop se développer une sexualité multiple, pour la simple raison que la reproduction - donc la survie de l’espèce - est prioritaire sur toute autre considération. Elle doit donc contribuer à former une hétérosexualité de survie, sans pour autant rejeter la proportion faible d’homosexuels (ni s’opposer aux désirs multiples des individus dans leur singularité) même s’ils questionnent et restent un mystère pour la majorité des hétérosexuels, qui ne comprennent pas l’attirance affective pour le même sexe.


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Mais on comprend qu’une minorité se sente menacée face à une majorité. La minorité doit donc croître suffisamment pour éloigner le risque de sa disparition, et pour cela elle entre en lutte avec la majorité. La qualification systématique d’homophobe à l’encontre de toute personne souhaitant opposer une controverse à la catégorie des homosexuels est un aspect de la lutte culturelle menée contre une majorité culpabilisée. La culpabilisation est une arme, ni plus ni moins, et le refus de prendre la controverse en compte est une manière de faire monter la sauce victimaire. On pourrait d’ailleurs renvoyer l’attaque en considérant que les homosexuels sont fondamentalement hétérophobes, même si en apparence ils semblent tolérer l’existence des hétéros. Par peur de la culpabilité, par manque de courage de ses opinions, la majorité lâche dès lors sur les revendications minoritaires pour payer une supposée dette contractée par ses ancêtres.

Les revendications de la catégorie homosexuelle sont une stratégie de croissance. Cette catégorie veut gagner des espaces qui avant lui étaient inaccessibles. Elle veut aussi se montrer en surreprésentation pour ouvrir la porte à des «conversions». On sait par la presse que, dans l’école d’Egalia en Suède, les livres d’images pour les enfants représentent autant de couples animaux homosexuels qu’hétérosexuels, alors que la proportion d’homosexuels dans la société est de quelques pourcents. Cette surreprésentation n’est pas innocente et confine au prosélytisme. La théorie gender, largement diffusée par les milieux féministes lesbiens, propose de ne pas différencier les genres selon les sexes pendant les premières années. Le but évident est, en supprimant la différenciation sexuelle culturelle sous prétexte de dénoncer le sexisme, de favoriser l’accroissement de personnes à l’orientation sexuelle mal définie, dans l’espoir d’augmenter le nombre de personnes homosexuelles. Le trouble dans l'identité de genre est plus qu'un constat: c'est une machine de guerre délibérée, et le combat contre le sexisme n'est qu'un cheval de troie. C’est là que se situe un des fronts d’une guerre interne actuelle en occident.

La catégorie homo veut croître et renouveler sa population. On est ici devant un paradoxe. En principe une minorité en croissance développe les marqueurs de son identité propre. Or dans la controverse sur le mariage gay il se produit l’inverse. La catégorie homosexuelle revendique l’accès à une institution par définition et par tradition hétérosexuelle - le mariage - et à la normalité majoritaire qui en découle: fonder une famille. Que cela lui soit impossible naturellement est aujourd’hui contourné par la loi, par les moeurs moins strictes (mères porteuses, enfant objet) et par la médecine. L’argument d’égalité pour justifier ce mariage ne correspond pas à la réalité puisque le mariage ne se fonde pas sur et ne créera pas d’égalité biologique et procréative. De plus la construction des familles sera différente entre les couplées gay et lesbiens, et fort compliquée, alors qu’un couple hétérosexuel peut enfanter d’un seul et unique coït. La reproduction dans un couple homosexuel est assimilable à une pathologie dans un couple hétéro, pour lesquels c'est la raison qui justifie la PMA. Enfin les termes de père et mère ne peuvent être employés dans des couples homosexuels comme dans des couples hétérosexuels, avec des conséquences sociétales encore sous-estimées. On n’est donc pas dans l’égalité, dans une véritable égalité.

Si l’on n’est pas dans une véritable égalité, à quoi sert le prétexte d’égalité? A utiliser la stratégie de victime (lutte contre la discrimination) pour faire croître une catégorie et renforcer sa représentativité - donc à terme sa survie.

Le libéralisme encourage la société à laisser croître différents modes de vie. Il aime la multiplicité dans le respect mutuel. En ce sens l’acceptation de l’homosexualité comme orientation sexuelle décriminalisée est une avancée sociale. Mais une règle supérieure pourrait ressurgir: celle de l’urgence de la survie. Jusqu’à quel volume un groupe peut-il intégrer une différence minoritaire non reproductive - ou à la reproduction difficile - avant de se sentir menacé d’effondrement dans sa survie, voire de disparition, et de se rebeller contre cette minorité?

Etre pour ou contre le mariage et l’adoption gay n’est pas être pour ou contre les personnes homosexuelles. La controverse sur le mariage «pour tous» est une controverse sur la place de l’homosexualité dans la société mais aussi sur les fondements sociétaux collectifs. Ce n’est pas de l’homophobie que d’accepter cette controverse. C’est de la cécité volontaire que de l’éviter.

 

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Catégories : Philosophie, Politique, société 7 commentaires

Commentaires

  • L'Islande, un pays où on va très loin dans la défense d'une catégorie en particulier, toujours la même: les femmes (si on peut appeller ça des femmes).
    Elles ont un syndicat des femmes, et même un parti politique nommé le parti des femmes!
    http://www.liberation.fr/monde/0101316252-islande-les-femmes-piquent-la-crise

    "Une fois de plus, les hommes ont tout cochonné, et c’est aux femmes de faire le ménage...Johanna Sigurdardottir... Homosexuelle revendiquée."

    "dans les bains chauds où les Islandais devisent comme d’autres vont au pub, «la revanche des femmes» fourbissait."

    «Une occasion pareille, on ne va pas la rater, souligne Ysra, femme pasteur et psychanalyste à Reykjavík. Plus personne ne fait confiance aux hommes politiques, c’est le moment pour les femmes de foncer.»

    "«Ce club d’hommes irresponsables nous a conduits droit au désastre, soutient l’auteure et metteuse en scène Hlin Agnarsdottir. Ils ont fait de la finance leur terrain de jeu, et voilà le résultat. Il va falloir tout rebâtir. Mais cette fois, avec nous, les femmes.» Les Islandaises ont toujours été des pionnières de la revendication féministe."
    (Et avec quels résultats!).

    Voila le vrai visage du féminisme décomplexé, un ramassis répugnant d'androphobes en tous genres. On devrait montrer ça à tous les enfants dans les écoles pour leur expliquer ce que c'est que le sexisme; où à quoi le féminisme conduit...

  • @homme libre,

    Tout à fait intéressant votre développement,mais,

    -Il semble qu'il s'agit plutôt du jeu des minorités de minorités qui s'auto-proclament représentatives de manière arbitraire de groupes humains préexistants ou bien formés par suite de leur activiste d'auto-promotion.

    Ceci dans la logique des minorités actives.

    Ainsi on parlait naguère de "dictature du prolétariat",alors que selon l'expression de Burham ,il n'eut jamais que des "dictatures sur le prolétariat" (d'une minorité),le tout par la négation de toute loi de la majorité et la déification de l'avant-garde.

    Car c'est bien le modèle des "avants-gardes" auto-proclamées qui réapparait.

    PS:un intéressant article de Stéphane François sur la circulation des thèmes communautaristes dans les deux côtés des extrêmes:

    http://tempspresents.wordpress.com/2012/06/29/stephane-francois-gauche-communautarisme-differentialisme/

  • Merci pour ce très bon billet.

    Je ferai juste le parallèle entre ceci:

    "Le libéralisme encourage la société à laisser croître différents modes de vie. Il aime la multiplicité dans le respect mutuel. En ce sens l’acceptation de l’homosexualité comme orientation sexuelle décriminalisée est une avancée sociale."

    Et:

    "La catégorie homosexuelle revendique l’accès à une institution par définition et par tradition hétérosexuelle - le mariage - et à la normalité majoritaire qui en découle: fonder une famille. Que cela lui soit impossible naturellement est aujourd’hui contourné par la loi, par les moeurs moins strictes (mères porteuses, enfant objet) et par la médecine."

    Il est clair que cette pseudo avancée sociale n'est que le moyen d'ouvrir un nouveau marché à savoir celle de "l'enfant objet". D'ailleurs, il n'est pas anodin que cette loi soit voulue par Hollande, car il est financé par le très libéral.... Pierre Bergé, grand patron et argentier du lobby LGBT.

  • "L'Islande, un pays où on va très loin dans la défense d'une catégorie en particulier, toujours la même: les femmes (si on peut appeller ça des femmes).
    Elles ont un syndicat des femmes, et même un parti politique nommé le parti des femmes!"

    Chez nous c'est pas mieux on a le ministère des mégèr... euh des droits des femmes.

    Des fois il vaut mieux balayer toutes les saloperies qu'il y a au sein de notre nation avant de voir ce qui se passe ailleurs.

    Pour le reste ces délires psychotiques de lesbiennes refoulées n'auront aucun crédit envers quiconque a un minimum de neurones pour prendre du recul, ce qui n'est manifestement pas le cas de ces quelques cruches...

    Et ça veut faire de la politique sauve qui peut, on va perdre ce qui nous reste de bon sens :/

    Edit: en tout cas merci de l'information camarade

  • Vous avez oublié le féminisme dans votre analyse ...

  • @ prometheus

    Oui je prend ça un peu trop à coeur peut-être. Après tout l'Islande fait figure de village, plus que de nation. C'est grand comme 2 départements d'Ile de France, pour environ 320 000 habitants. Rien qu'une ville comme Toulouse en compte plus. Donc à grande échelle et sur la durée ça parait peu probable d'institutionnaliser une telle misandrie; en tous cas j'espère.

    J'espère car je n'ai que peu confiance envers mes CONcitoyens, ils seraient capables d'approuver de telles balivernes. Comme quand Ségolène Royal déclarait récemment que les femmes seraient meilleures gestionnaires que les hommes. Dans de telles conditions, je ne peux qu'espérer un état qui intervienne le moins possible dans la vie des citoyens. Si c'est pour les rendre idiots c'est pas la peine, ils le sont suffisamment. On ne peut pas s'épanouir en tant qu'individu, quand on est manipulé à ce point là. Il suffit d'écouter les gens; leur avis est celui que la fine équipe du JT ou les politiques leur suggèrent tous les soirs.

  • Celà démontre surtout que quelque soit le régime et quelque soit les personnes qui dirigent indépendamment du sexe, nous vivrons sous le joug de ces personnes.
    Les hommes au pouvoir sont autant diversifiés que les femmes.
    Certaines femmes qui ne sont pas une majorité seraient clairement pro-patriarcat à l'instar des hommes féministes. C'est le cas par exemple des mères qui ont décidé de gérer le foyer et exigeant un homme qui subviennent à leur besoin. Certaines n'ont toujours pas compris que le féminisme poussaient plus les femmes au travail et dénigraient la femme au foyer, car celà fait archaïque. En inventant un féminisme pour la mère au foyer, celà est d'autant plus contradictoire que la mère au foyer est perçue comme aliénée de par son "éducation"

    Quelque part elles ont pas tout à fait tort ces greluches, le féminisme a été très encouragé par le capitalisme à une époque où la majorité des hommes étaient patrons (est-ce le succès qui leur ont monté à la tête, ou simplement sont ils lassés par une vie pleine de succès :/ ?), l'homme est devenu un masochiste déclaré, les femmes qui sont au pouvoir l'ont très bien compris alors pourquoi s'interdiraient elles de dire de telles inepties ?
    D'autant que de plus en plus de femmes accéderont au pouvoir et il sera trop tard pour nous les hommes de faire machine arrière à moins d'une révolution masculiste/anti-féministe...

    Celà concerne d'autant plus les politiques. Quel homme politique a osé un jour affronté la doxa ? Quel homme politique oserait dénoncer la misandrie ambiante de gauche comme de droite en passant par le centre ?

    Personnellement je n'ai pas plus confiance aux politiques, à la justice, aux médias, au patronat, à l'éducation aux associations ... qui servent tous de terreau et ont été favorables dans le développement de la misandrie ces dernières années

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