La «construction sociale» est le nouveau monstre des temps modernes. Tel un Leviathan ayant traversé les âges pour manger les enfants et contraindre les femmes à plaire, il sévit toujours lors des jeux olympiques et des compétitions sportives. Analyse d’une thèse féministe, publiée dans Le Monde en octobre 2000 sous la plume de Catherine Louveau.
Les femmes: inconvenantes et incapables?
La thèse commence par un présupposé: les femmes auraient été historiquement jugées «inconvenantes» ou «incapables» si elles s’adonnaient au sport, raison pour laquelle leur entrée dans cet univers est relativement récent. En effet l’auteur commence par cette phrase: «Sur les terrains de sport, les femmes ne sont plus jugées comme inconvenantes ou incapables.» Ce qui laisse entendre qu’elle auraient été jugées ainsi auparavant.
Je passe rapidement sur la victimisation récurrente des femmes dans leur ensemble, s’appuyant sur un dénigrement de celles-ci, attribué à on ne sait qui - à la société, en terminologie marxo-féministe, et reprise par l’auteur en creux. On connaît bien maintenant le mécanisme: pleurnicher d’avoir été opprimées ou s’auto-dénigrer pour justifier la revendication de toute-puissance moderne et de droits spécifiques contraires à l’égalité.
Dans le passé l’éducation des femmes à l’activité physique était secondaire, sauf à Sparte où la cité guerrière voulait des mères aussi solides que les soldats. C’est ici la militarisation de Sparte qui en est la raison. Il a existé également des Jeux d’Olympie pour les femmes: les jeux héréens. Il n’y avait qu’une seule épreuve, la course sur 160 mètres. Les juges sportifs étaient des femmes.
Il est vrai que les olympiades grecques étaient réservées aux hommes. Mais était-ce une intention de brimer les femmes? De les mésestimer? Il faut se mettre dans le contexte et faire un premier constat. Les sportifs exaltaient la force du corps, en lien avec la vie des hommes: ils devenaient soldats, devaient s’entraîner durement à conduire des chars, au jet de lances, à la lutte, à la course. Les hommes étaient donc logiquement les participants aux Jeux. Comme je l’ai déjà dit ailleurs, on n’envoyait pas les femmes à la guerre par souci de survie de l’espèce. La perte en nombre des femmes aurait été bien plus dommageable que la perte des hommes. La répartition des rôles femmes-hommes vient en partie ce cette réalité.
On ne peut donc y voir une intention de discriminer les femmes au sens où on l’entend aujourd’hui. Je souligne ici que l’entrée des hommes en masse dans le sport est également récente: avant le XXe siècle, seuls le temps militaire offrait un entraînement physique aux soldats. Les hommes dans le civil ne pratiquaient que rarement un sport, sauf dans les classes dirigeantes.
L’apartheid sportif
L’auteur confirme ensuite son présupposé:
«... si les femmes s’investissent majoritairement dans les disciplines « gracieuses » et répugnent aux sports « virils », c’est que tel est leur choix. A y regarder de près, pourtant, cette propension n’est qu’une construction sociale, qui réglemente les représentations et les pratiques « acceptables » du corps, et perpétue la division des rôles. Aux hommes le « faire », aux femmes le « plaire ».
L’auteur oppose d’emblée la liberté de choix à la division des rôles, celle-ci étant perçue comme une limitation réduisant les femmes au «plaire» et rendant par conséquent la liberté illusoire. On imagine ici le non-dit du terme: plaire signifie couramment se faire belle, mettre du parfum, se maquiller, faire du shopping, lire les journaux féminins, attendre d’être choisie par le prince charmant, voire faire la pute. Bref, rien que du futile en comparaison du «faire», qui représente: construire, décider, inventer, changer le monde. Le décor victimaire est planté dans cette opposition malheureuse. Malheureuse car historiquement les femmes ont été autant dans le «faire» que le «plaire»: faire des enfants, tenir une exploitation, créer de l’artisanat, faire tourner la société en l’absence des hommes pendant les guerres, entre autres.
Il y a pourtant bien discrimination, mais au sens premier du terme: «Différencier, en vue d'un traitement séparé, (un élément des autres ou plusieurs éléments les uns des autres) en (le ou les) identifiant comme distinct(s). Synonyme: distinguer.» (cnrtl.fr) Discriminer c’est d’abord considérer chacun et chacune selon ses données, caractéristiques, aptitudes, et établir des programmes (de vie, de travail, de comportement) adéquats à ces aptitudes. Le vrai sens de la discrimination est éminemment positif et bienveillant.
Dans cette idée, la séparation ou division des sexes dans certaines activités de la société est adaptée à des différences biologiques et physiques évidentes. Les catégories des femmes et des hommes ont dans certains domaines des différences trop importantes pour être rejetées. La principale étant la différence moyenne de force et de masse musculaire. Le terme «apartheid» que je mets en intertitre est connoté de racisme et d’une histoire douloureuse. Ici je l’utilise délibérément au sens premier de «mise à part, séparation», sans automatiquement lui attribuer cette connotation négative, de manière à renforcer également le sens premier, positif, du mot «discrimination». Car dans de nombreuses disciplines sportives on met à part les femmes et les hommes, pour valoriser les meilleures et meilleurs de chaque catégorie.
L’indispensable discrimination
Dans le monde sportif, la discrimination, la séparation des sexes est la règle générale. Peu de sports sont mixtes. En ski les épreuves masculines et féminines n’ont ni la même longueur ni la même durée. Celles des femmes sont plus courtes. En athlétisme certaines épreuves sont de même longueur mais les références de temps sont toujours différentes. Pour le 100 mètres homme, le record est de 9 secondes 58, le record femme est de 10 secondes 49. Le record du marathon chez les hommes est de 2 h 03 min 23 s, et chez les femmes de 2 h 15 min 25 s. Le record du 100 mètres nage libre en bassin de 50 mètres: 46 s 91 chez les hommes, 52 s 07 chez les femmes. On ne peut ici invoquer une construction sociale pour expliquer ces différences, fondées sur les caractéristiques physiques de chaque catégorie.
Une vision égalitariste voudrait que femmes et hommes courent en même temps les mêmes épreuves. Ce qui signifierait qu’il n’y aurait quasiment pas de récompense féminine dans nombre de disciplines, celles qui justement demandent plus de force. Sans discrimination, sans apartheid des sexes, les femmes seraient très souvent perdantes dans la confrontation physique avec les hommes. C’est d’ailleurs ce constat qui fait dire aux féministes que la violence est presque exclusivement masculine. Il y aurait là une spécificité de sexe. Or étrangement, mais pour d’autres raisons que la force, la violence sociale ou familiale est presque paritaire, comme en attestent de nombreuses études.
On aurait pu créer dès lors deux types de jeux différents, reprenant la division antique: les olympiades pour les hommes, les jeux héréens pour les femmes. Mais si l’on regarde les Jeux Olympiques ou si l’on y participe, c’est pour le plus grand exploit possible. Les hommes tenant le rôle le plus visible dans les épreuves originelles, des jeux féminins auraient eu peu de retentissement, comme le tennis féminin à ses débuts, ou le foot féminin.
L’organisation unique a deux avantages: d’une part reconnaître les aptitudes développées par les femmes de manière spécifique et non comparable à celles des hommes, d’autres part donner plus de retentissement aux jeux en multipliant leur public et les retombées économiques.
Images: 1, Mélanie Bardis; 2: équipe de France féminine; 3: JO 2012, flamme olympique en Grèce; 4: JO antique reconstitués; 5: égalitarisme.
A suivre: «la malédiction de la grâce»
Commentaires
"on n’envoyait pas les femmes à la guerre par souci de survie de l’espèce."
mais pourquoi faire pour quelles soient vaincues inexorablement, parce que de toutes façon ce seraient des hommes quelles auraient en face d'elles, l'échec de Smorgon a suffit aux russes pour ne pas renouveler l'expérience, c'est facile de faire chier le monde avec des lois quelles ont fait voter ça l'est moins de se battre sur un champ de bataille !!!
http://books.google.fr/books?id=ReWvxz_4zWUC&pg=PT25&dq=smorgon+bataillon+de+la+mort+33&hl=fr&sa=X&ei=R6sQU5oViOjLA73ugIgG&ved=0CDIQ6AEwAA#v=onepage&q=smorgon%20bataillon%20de%20la%20mort%2033&f=false
florence farmborough alinéa 33 fait partie des journalistes femmes honnêtes, ce qui apparemment est rare, voir au-dessus la malhonnêteté de Catherine Louveau