Ce peut être fermé. Bouché de tous côtés. Pas d’issue, rien qui sauve. On ne peut que rester là, comme une pierre, à regarder les mouettes folles emportées par la bise et des squelettes noirs lancer leurs bras vers un ciel couleur de fer gris. La terre ne bouge pas. Elle sait. Elle connaît le pire. Elle se souvient.
Poésie - Page 4
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Février, fer et azur
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La longue nuit
Quelle idée d’avoir pris la route alors que le jour déclinait! Il était à peine cinq heures de l’après-midi et déjà le crépuscule brûlait de ses feux pâles quelques collines au loin. C’est par là qu’il allait. Vers l’ouest. Une route peu fréquentée qui monte jusqu'au plateau. La route la plus directe mais la plus improbable.
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Les baies rouges
Décembre. La nuit n’en finit pas de s’allonger. L’air a fraîchi. La force du ciel recule encore. Les marmottes sont à l’abri et les corneilles dévalisent des poubelles colorées dans le gris du matin. Cet automne qui s’allonge, et s’allonge encore, et cette terre qui prend froid: bientôt nous serons au fond de la nuit.
Pourtant ce décembre nous joue un tour: il commence dans la douceur. Pas de gel, pas de vraie froidure. Un ciel clair au soleil caressant.
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En haut des arbres
Il y avait cette lumière qu’on aurait dit tombant des nuages. C’était comme une pluie fine, une bruine partout égale. Entre les troncs, sur les prairies, elle restait suspendue. Elle se posait sur le bas des robes et sur les épaules.
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Novembre d’ambre
Novembre. Le jour se serre. La nuit s'étend. Etrangeté de l’inclinaison de la Terre. Une vague de lumière qui monte vers l'été puis se replie sur l'hiver.
La rentrée du soir se fait aux réverbères.
Les jours de pluie des serpents brillants glissent sur les ombres barbares des trottoirs. La lumière est incline, de couleur pâle, rose ou ambre selon les luminaires.
Terre! Terre! semblent crier les amants disparus.
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Bonjour Octobre
L’air de rien, nous avons glissé de septembre à octobre. C’est à peine si la dernière journée du mois doré de fin d’été s’est habillé d’un peu de gris hier sur Genève. La fraîcheur des matins nous le dit: nous sommes sur la toute des soirées sombres et des pluies odorantes. Mais les soleils d’après-midi nous reparlent inlassablement du bel, du chaud été.
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Laisse-moi pleurer, bord de mer
Reçu un courriel de Belgique ce matin. Du bord de la Mer du nord. Un courriel dans lequel est cité ce bout d’article de la Tribune:
«Quand Juan Luis de Góngora, poète espagnol du XVIIe, dit: «Laisse-moi pleurer, bord de la mer», le fait de ne pas se situer géographiquement et de demander à la mer de le laisser pleurer, ça donne une dimension incommensurable. C’est un grand voyage dans l’infini. C’est ça, la poésie. Des mots les uns à côté des autres qui partent pour le tour du monde.»L’article du 2 septembre dernier est une interview de Paco Ibanez réalisée par Fabrice Gottraux.
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Goodbye Philadelphia
Je n’y suis jamais allé. Toi non plus. Nous n’en parlions même pas. Pas de rêve, pas d’histoire. Nos voyages étaient plus modestes. Bruxelles. Paris. Le sud de la France. Ah, il y eut le désert, aussi. Et puis la Toscane.
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L’histoire de Layla (saga Rock Love)
Il y a quelques temps un ami m'envoie un texte qu'il a écrit pour sa fille. Il lui explique comment il a choisi son deuxième prénom. J'ai beaucoup aimé son texte. Je lui cède ce soir la plume, avec son accord.
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L’amour fou
Sur une terrasse de restaurant, dans le soleil revenu et le vent déshabillé, quelqu’un aujourd’hui m’en a parlé. Je n’y pensais pas, je n’y pensais plus. Le temps parfois écorne la folie.
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Vivez encore, vivez de plus en plus!
«La jeune morte saute à pieds joints dans une flaque de lumière.»
Quinze ans après elle n’en finit pas. Elle n’en finit pas d’habiter sa vie. Sa vie à lui, qu’il a choisi d'habiller de mots pour en comprendre la nudité lumineuse. Quinze ans après «La plus que vive», elle n’en finit pas de mourir. Et lui de vivre. -
Le bel été
D‘abord il y a la lumière. Cette lumière posée sur le monde. On la devine partout: sur les routes chaudes; ruisselant des feuillages; dans l’ombre même des arbres et des maisons. L’été, c’est la lumière posée sur le monde comme une éternité.
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Un petit break
Un moment différent, dans le déferlement de ces jours et leurs vents de tempête.
Un moment d'homme et de femme, de ce qu'il y a de beau entre un homme et une femme.
Un moment de tendresse. Une mémoire de ce qui commence.
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Le nationalisme est-il l’avenir des peuples?
Le nationalisme revient en première ligne dans de nombreux pays d’Europe. Les partis qui s’en réclament font depuis quelques années des scores importants, voire impressionnants, aux différentes élections. En même temps la critique de ces partis et du nationalisme qu’ils affichent s’est exacerbée. Sans toutefois réduire l’influence grandissante de ces partis.
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Mademoiselle Pourpre
Premièrement: quelle drôle d’idée de rester sous la pluie à regarder un parterre de fleurs. Sans parapluie. L’eau dégouline sur ses cheveux comme sur une vitre: elle laisse de longues traces brillantes, rapidement recouvertes par d'autres gouttes et d'autres traces. Il pleut souvent ici. Tous les jours. Toute l’année. L’humidité s’insinue et ramollit les poutres du toit de sa maison. La maison ploie et demande un entretien constant. Une lourde charge pour une demoiselle seule. Elle est là, sous la pluie qui ruisselle sur ses cheveux.
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La double casquette du Dalaï Lama
On apprenait hier que le Dalaï Lama met fin à son mandat politique de chef du gouvernement tibétain en exil. Cela vient nous rappeler que Tenzin Gyatso, chef spirituel du courant ou école bouddhique Guélougpa, les bonnets jaunes, est engagé depuis des décennies dans une action politique et est également identifié par ses coreligionnaires comme le chef temporel du Tibet.
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Quelques mots d’amour (2)
Un jour pas comme les autres donc, la Saint-Valentin. Même si aujourd’hui est le lendemain. On dit parfois que c’est seulement commercial. Je n’en suis pas sûr. Dans le quotidien la relation peut sembler acquise. Alors c’est une bonne idée de penser à lui dire qu’il-elle est important-e pour nous.
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La fin du piano sur la mer
Il y avait ce piano, sur une langue de sable. On ne savait d’où il venait. Il a fait rêver une partie du monde. On pouvait imaginer les hypothèses les plus poétiques ou les plus loufoques. On aurait presque pu, certains soirs, entendre une musique portée par une brise de mer. Le rêve s’est achevé. On sait d’où vient le piano, et où il est parti.
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Le piano sur la mer
Il est arrivé là, personne ne sait comment.
Un matin il se dressait au-dessus des vagues, sur un vague banc de sable à peine submergé par la marée haute.
Un piano à queue. Ou un piano aqueux. Mouillé, quoi.
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Le coeur froid
Petit conte d’hiver. Petit conte à l’envers.