Anne, ma soeur Anne.
Anne Hidalgo, maire de Paris, vient de se faire remarquer. Pas pour une soudaine propreté des rues mais pour un voyage dans le Pacifique.
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Anne, ma soeur Anne.
Anne Hidalgo, maire de Paris, vient de se faire remarquer. Pas pour une soudaine propreté des rues mais pour un voyage dans le Pacifique.
Je rebondis sur le dernier billet de Philippe Meyer. Il tient le blog PremiAirClasse sur le traffic aérien. Dans ce billet il s’exprime sur notre irréductible besoin de voyager.
On a beaucoup parlé de voiture ces derniers temps à Genève. Ce drôle d’engin qui occupe de la place et qui fait du bruit. Qui pollue - pas autant que le méthane des bovins et le lisier des porcs, mais quand-même encore pas mal. Eh bien on devrait ériger une statue à Joseph Cugnot.
Elle ne danse pas avec les loups. Il n’y a pas de loups là-haut. Mais elle avance à pas de loup dans un environnement de plus en plus étrange. Elle «danse à la limite» pour reprendre la jolie expression d’un responsable de la Nasa.
Marco pourrait s’asseoir près de la cascade. Il ne le fait pas. La voix obscure jaillit encore des murs.
- Cette eau n’est rien. Un filet, un fil. Rien! Ni odeur ni nuages. Encore moins d’infinité. Tu peux t’asseoir si tu veux. Tu peux la boire. Tu n’en auras que pour ta soif. Rien pour le voyage. Rien pour le rêve. Cette eau tombe et disparaît. Tombe donc, et disparais! Personne ici ne t’a appelé. Il n’y a pas de mer. Pas de mer! Pas d’infinité. Si tu connaissais la mer tu ne serais pas venu te perdre dans cette montagne. Ah, la mer et ses promesses. Connais-tu la mer? Que connais-tu de la mer?
Laissant Marco, Fahoule descend vers la plaine. Elle dispose de peu de temps. Arrivée au campement elle devra parler devant le Conseil, réunir des guerriers, établir une stratégie et revenir à la montagne rouge avant le forgeron. Elle sait déjà ce qu’il fera. Ne trouvant pas Marco en ville il fouillera les points d’eau de la région. L’ermitage de l’Oeil d’aigle doit être protégé.
Les mots de Kekko frappent le jardin comme un marteau. Des serpents sifflants lacèrent l’espace dans les têtes. Le pacte des forgerons! La dernière fois qu’il fut évoqué il y eut un bain de sang. Pour un mot de travers. Un forgeron éconduit avait froissé la fille d’un chef. Ici chaque mot compte, même le plus léger. Des morts, des mutilés, des rues noyées de rouge. Des cris, et des larmes pendant des semaines. La ville et toute la province furent sinistrées. Un festin de bêtes. On voyait, jusqu’au fond des ventres découpés, la violence qui parfois déshabille l’humain.
Derrière la maison du président on s’affaire. Les filles préparent le repas. Les garçons dressent la table sur la terrasse. On attend près de quarante personnes, les forgerons et leurs épouses. Dans le jardin le père devise avec Kekko. La nuit tombe. Le plus jeune fils apporte des fruits frais et une lampe à pétrole. Les fruits sont acheminés depuis les vastes plantations du sud, à une journée d'ici, près du fleuve. L’immense marché de la ville est approvisionné quotidiennement. Le président et son épouse ont fait les achats dans l’après-midi, accompagnés de leur aîné et de ses deux soeurs. Au retour les sacs d’osiers étaient remplis. L’aîné portait un agneau dans les bras. L’agneau a été égorgé et préparé. Il cuit maintenant sur une broche devant un feu près de la maison.
Ses pieds frappent le sol. Il écrase le monde. Il écrase les chefs. Leur sang vole dans la poussière. Il cogne, grogne, fait rouler des cailloux. L’effet de la pierre a changé. Les cailloux, lourds, sourds tambours, s’entrechoquent et craquent. Il tient dans ses mains des couteaux de soleil. Il saigne, croit-il. Un fleuve de sang. Un fleuve qui charrie l’urine de la terre et la sueur du ciel. Quelle est cette odeur fauve? Un parfum de musc attaché au vent. Il vient d’en bas, glisse au fond des ravines, monte à flanc de rocher, croise le fleuve de pierres et de poussière. Marco court dans ces mouvements contraires. Il court au centre d’un tourbillon, un tourbillon de bruit et de vent.
Kekko approche des faubourgs. Lillie crie ses imprécations et donne des coups de pied. Leur étrange attelage attire les regards des marchands dont les étals sont installés sur la terre sèche qui borde le bitume. Des enfants passent en courant par les portes des maisons où l’on n’aperçoit que de l’ombre. Ils s’attrapent, rient et recommencent. Leur jeu tourbillonnant les mène à l’intérieur. On n’entend plus que les voix et des cris. Puis ils reviennent à la lumière en mimant des danses antiques.
Marco ne répond pas. Il regarde intensément la femme. Elle est habillée d’une pièce de tissus noir qui fait pantalon en bas et s’arrête au ras du cou. Les épaules sont couvertes d’un châle turquoise croisé par devant, tenu dans sa ceinture. Il souligne précisément ses seins. La chevelure est abondante et longue.
Derrière lui une femme suit ses grandes enjambées à pas rapides et désordonnés. Le souffle court elle reste de longs moments sans rien dire. Son visage est blanc comme la lune. Elle porte un pull noir à manches longues, par-dessus une ample jupe bleue qui virevolte en tous sens quand elle tente de donner des coups de pieds au grand bonhomme. Elle paraît si petite à côté de lui. On dirait un nain et un géant.
Marco est assis sur une grosse pierre au bord de la route déserte. Pas une auto depuis ce matin e des dizaines de kilomètres avant d’apercevoir les toits de la première ville. Il a marché plusieurs heures. Il est fatigué. Ses pieds font mal. Son sac pèse une tonne. Il s’est arrêté sur cette pierre, sans l’ombre d’un arbre. Il n’y a pas d’arbres dans cette région. Rien que cette route, et de vastes étendues désertiques jaunes et grises et au loin des montagnes rouges.
Suivre le fil dès les premières images. Ce visage, cette auto. Ce regard par la fenêtre. Dubaï et sa tour. Où va-t-il? On ne sait pas. Il semble négocier une étoffe. C’est un défilé de mode.
Reçu un courriel de Belgique ce matin. Du bord de la Mer du nord. Un courriel dans lequel est cité ce bout d’article de la Tribune:
«Quand Juan Luis de Góngora, poète espagnol du XVIIe, dit: «Laisse-moi pleurer, bord de la mer», le fait de ne pas se situer géographiquement et de demander à la mer de le laisser pleurer, ça donne une dimension incommensurable. C’est un grand voyage dans l’infini. C’est ça, la poésie. Des mots les uns à côté des autres qui partent pour le tour du monde.»
L’article du 2 septembre dernier est une interview de Paco Ibanez réalisée par Fabrice Gottraux.
Elle est morte samedi matin. C’était attendu. Elle était au bout de son corps.
Martha m’a téléphoné à midi moins le quart. Je suis allé à l’appartement. Mamina reposait dans son fauteuil, le visage calme. Je l’ai prise dans mes bras. Elle était légère Mamina. Légère comme un enfant. Je l’ai allongée sur son lit, qui devenait une une barque. Elle partait en voyage.
Le silence couvre les fenêtres. On l’attend depuis longtemps. Il fait partie des mots qu’on ne dit plus. Pour ne plus y penser, pour ne plus l’attendre. Tout est plus dur. Il faut tenir, il faut vivre.
O combien de marins, combien de capitaines, racontaient cette histoire au crépuscule errant,
Après la fin des temps on en parlait encore comme du météore changeant l’ère du temps.
Gérard Manset est à part dans la chanson française. Atypique dans son style, dans sa voix, il ne fait pas la une des people ni des plateaux télé. Pourtant, il a gagné un public fidèle, et reste lui aussi fidèle à lui-même.
Son rêve était intense, de ceux que l’on prend pour réels. Il se réveilla, étonné d’être dans sa chambre. Les images du rêve se mélangeaient aux murs, à la fenêtre. Il cherchait encore la main qu’il tenait, le visage si près du sien. Peu à peu les images se séparèrent et les chiffres du radio-réveil apparurent: 3 heures. La nuit était encore longue. Mais rien à faire: il ne retrouvait pas le sommeil. La douceur presque palpable du rêve habitait encore son corps.